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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Voyages autour du monde de Bougainville et Cook au XVIII° siècle

  1. L. A. de Bougainville.

Voyage autour du monde.  Folio 1982. 470 pages

 

  1. James Cook.

Relations de voyages autour du monde.  F.M. La Découverte.

 Tome I, 303 pages. Tome II, 153 pages

 

Entre 1767 et 1769 Bougainville fut le premier Français à faire le tour du monde. Son journal a été publié en 1771. Diderot l’a lu et critiqué. Et comme les élèves étudient Diderot, j’ai ainsi appris que ce journal de Bougainville était souvent connu des jeunes et moins jeunes anciens lycéens, grâce à Diderot.

L’Anglais Cook fit trois voyages autour du monde. Le premier, entre 1768 et 1771, le second en 1772 et 1773, le troisième entre 1776 et 1780

 

Ces lectures sont parfois fastidieuses parce que les récits sont truffés de termes de navigation maritime et c’est un peu lassant pour qui est, comme je le suis, tout à fait ignorant de ce type d’aventure. De plus Bougainville et Cook nomment les lieux comme ils l’étaient au XVIII°, lesquels, aujourd’hui, ne portent pas le même nom si bien qu’on ne sait pas toujours exactement de quelle contrée, de quelle île, ils parlent. Les quelques cartes de ces livres ne sont pas suffisamment détaillées pour cela.

Mais cette lecture est un plaisir malgré tout parce que cela permet de comprendre comment des Européens, ont « découvert » et abordé et arpenté ces terres, les Amériques, sont entrés en contact avec leurs habitants, autochtones et ont, en outre, parcouru les immensités océaniques du Pacifique, de l’Océan indien et de l’Atlantique.

Ces voyages du dernier quart du XVIII° préparent et expliquent déjà la domination de l’Europe sur le monde. Les Européens, les premiers, explorent, arpentent, étudient, dressent les cartes et itinéraires de la terre entière.

Ce Bougainville, ce Cook, comme les autres explorateurs de ces mondes lointains et inconnus qu’ils ont « découverts » ont une double attitude. D’une part ils parlent avec beaucoup de respect, de bienveillance même, des habitants qu’ils rencontrent. Il les appelle les « sauvages » ou les « naturels » mais ici ce terme n’est pas méprisant. Ils cherchent à établir des relations civiles, voire même créer des liens d’amitié avec eux. Ils y réussissent souvent. Cela dit, bien sûr, ils considèrent qu’ils sont « sauvages » au sens où ces habitants ne possèdent ni les techniques ni le niveau de connaissance ni le mode de vie des Européens qui, eux, sont les « civilisés ». Sûrs de leur supériorité, forts de la puissance que leur donnent leurs armes, et Bougainville et Cook, sont persuadés que ces « sauvages » devraient accéder à « la » civilisation et en sont très loin. Il ne leur vient pas à l’idée que ces peuples ont leur propre civilisation, différente de celle des Européens mais réelle. Les rapports sociaux qu’ils ont entre eux, les relations qu’ils ont établies avec leur environnement, avec le monde végétal et animal dans lequel ils vivent, intéressent nos explorateurs, mais par curiosité. Eux, Européens, ne pas sont pas là pour apprendre d’eux, se mettre à leur écoute, chercher à s’enrichir de leurs connaissances sur ces pays qu’ils viennent d’aborder, qui leur sont totalement inconnus.

Respect des populations qu’ils ne veulent ni soumettre ni forcer. Au contraire, les officiers s’élèvent contre les marins de leurs expéditions qui, parfois abusent de leurs forces contre les autochtones. Mais en même temps, Bougainville et Cook, sans être effleurés semble-t-il par le moindre scrupule, n’hésitent pas à s’approprier au nom du roi, Louis XV pour Bougainville, Georges III pour Cook, les terres qu’ils « découvrent ». Ils les marquent et les inscrivent comme possessions de leurs souverains. Les gens qui les occupent sont là, on établit des relations avec eux, mais on n’a aucune réticence à décider que leurs terres seront … « les nôtres » !

Lorsque les autochtones ont des comportements que nos voyageurs réprouvent, on n’hésite pas à les châtier, les enfermer ou parfois les tuer à coup de fusils ! Comme si on était évidemment les « maîtres » auxquels ils doivent obéir. Et si les autochtones ne veulent pas qu’ils s’avancent sur leurs territoires, on les fait reculer.

Bref, on vous respecte, on vous aime bien, on vous estime, on veut faire des échanges avec vous, mais à condition que vous vous soumettiez de fait à notre supériorité de civilisés et que vous ne contrariez pas nos desseins !

 

En tous cas lorsqu’on considère les difficultés immenses que Bougainville, Cook et leurs hommes ont rencontrées et surmontées pour ces voyages, on ne peut qu’imaginer et admirer leur force de caractère. Ces aventuriers découvreurs étaient des hommes d’une trempe exceptionnelle : courageux, audacieux, experts en calculs divers, pour se repérer, calculer avec précision, longitudes et latitudes, affronter les pires tempêtes,  supporter les plus grands froids, se contenter souvent de nourriture plus ou moins avariée et peu abondante. Meneurs d’hommes, instruits aussi bien en mathématiques qu’en diverses techniques de navigation, organisateurs, avides de comprendre, d’apprendre ces hommes sortaient de l’ordinaire.

Bougainville, « honnête homme » de son temps, a été curieux et à l’affût des nouveautés fabuleuses qu’il rencontrait. Cook, lui, avait emmené des scientifiques et avait pour mission d’étudier ces contrées sous tous leurs aspects : relief, géologie, sols, courants marins, climat, botanique, végétation, monde animal, y compris, oiseaux, poissons, types de populations. De ses voyages a été rapportée une masse fabuleuse de connaissances de toutes sortes. Lui-même, Cook, n’est jamais revenu de son troisième voyage : il fut assassiné par des autochtones d’Hawaï l’été 1779.

Avec ces voyages de Cook on entre dans un période moderne, d’étude technique et scientifique de la planète. Les Européens alors vont apporter, de fait, à l’espèce humaine le fruit de leurs recherches et observations mais, du même mouvement, vont imposer leur domination et leur vision du monde.

A Marseille, au Mucem, il y a actuellement une exposition qui veut nous emmener, je cite,  « En route pour une « autre » histoire du monde. Une histoire où l’Europe et l’Occident ne seraient plus au centre du monde, laissant place à d’autres récits. Le Mucem propose de parcourir l’Histoire du monde du XIIIe au XXIe siècle en abandonnant la perspective occidentale. » Nous l’avons visitée avec intérêt mais y avons cherché, en vain, une présentation de toute notre sphère terrestre par d’autres que les Européens. Les autres ne donnent à voir que des parties de notre globe mais pas la terre avec tous ses continents et océans bien représentés, bien mesurés, bien décrits. Seuls les Européens ont accompli ce travail qui leur a permis, notamment, de coloniser directement on non presque tous les continents. Il n’est pas étonnant que se manifeste la volonté des peuples dits « du sud global », des non-européens, les « Brics », (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) de proposer une autre vision que celle qui leur a été imposée.

Henricles. A Saint Etienne. Le 19 janvier 2024

 

 

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