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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

"Nous allons vers de probables catastrophes"

 

Faut-il croire Edgar Morin ?

 

Edgar Morin témoigne d’une belle vitalité intellectuelle. Alors qu’il est entré dans sa cent quatrième année, - il est né en 1921 – il nous livre dans « Le Monde » du 22 janvier, une fois de plus, ses réflexions sur le présent et le futur proche de notre espèce humaine. On pourrait citer ici de nombreuses phrases de cet article, toutes aussi inquiétantes les unes que les autres. Ainsi : « qualités de notre civilisation dégradées ». « Régression de la pensée devenue aveugle ». « Le progrès des connaissances est incapable de concevoir la complexité du réel ». Edgar Morin affirme, à propos de la guerre entre Israël et le Hamas : « on ne peut prévoir qu’une aggravation, voire un élargissement de ce terrible conflit ».

En conclusion il nous laisse tout de même une porte ouverte sur l’espoir, soit notre capacité à résister aux forces de destruction : « l’esprit éveillé et responsable nourrira notre résistance aux ignominies et aux mensonges… le probable n’est pas certain, l’inattendu est toujours possible ».

Edgar Morin se souvient il lui-même d’une de ses prévisions il y a déjà longtemps ? C’était, en 2003, peu avant que le président des Etats-Unis déclenche la guerre contre Saddam Hussein. Morin, en première page du « Monde » avait annoncé que l’attaque des Américains contre Saddam Hussein mènerait tout droit à la troisième guerre mondiale ! Je me rappelle en avoir été fort surpris. Je n’avais pas fait la même analyse que Morin et n’avais pas approuvé ces prévisions catastrophiques. L’avenir lui avait en effet donné tort.

Edgar Morin, comme beaucoup d’autres intellectuels français, a une aversion particulière à l’égard des Etats-Unis, du « capitalisme américain », responsable, selon eux, de la plupart des malheurs du monde. Se rend-il compte qu’il reprend les arguments de la propagande russe ? Il se refuse à condamner l’agression de la Russie contre l’Ukraine. Il rend les USA et l’OTAN en partie responsables de cette guerre ! Accusation absurde, indigne même quand on sait que cette accusation est celle qui est proférée par…Poutine ! 

Malgré l’admiration qu’on éprouve devant la vitalité de ce grand vieillard, on doit s’interroger sur la pertinence de sa vision actuelle de l’évolution de notre société. Edgar Morin s’est beaucoup trompé. Peut-être est-il à nouveau dans l’erreur lorsqu’il nous présente l’état de nos sociétés aujourd’hui ? 

  1. Certes nos sociétés traversent des crises diverses et on ne peut avoir un optimisme béat et naïf. Oui, malheureusement telle ou telle difficulté peut s’aggraver et déboucher sur une catastrophe. La paix, intérieure et extérieure, la prospérité, le calme ne sont pas assurés pour toujours chez nous, loin de là.

Quels sont les risques principaux ?

La guerre en Ukraine déclenchée par un Kremlin nostalgique de la puissance de feue l’URSS peut hélas être étendue à d’autres territoires autrefois dominés par l’URSS. S’il sent qu’il risque de perdre la guerre contre l’Ukraine, Poutine peut être capable d’utiliser les armes nucléaires dites tactiques. Celles-ci ne sont pas aussi destructrices que les armes dites stratégiques mais les conséquences de leur emploi seraient catastrophiques pour toute l’Europe à cause de leurs effets secondaires terrifiants.

Le deuxième risque encouru par nos démocraties est la montée des intentions de vote en faveur des partis d’extrême droite. Italie, Allemagne, Pays-Bas, France, Hongrie. Ces partis sont dangereux pour la démocratie et les libertés fondamentales. Et ils provoqueraient dans toute l’Europe, des réactions nationalistes de repli sur des frontières qui se fermeraient. L’Union européenne serait menacée de dislocation. L’arrivée au pouvoir de l’extrême droite entraînerait tôt ou tard régression, désordre, peut-être même troubles civils

Le troisième risque est le développement de l’abstention massive aux élections. Si les citoyens ne se déplacent plus pour aller voter c’est le signe d’une perte de confiance dans la démocratie représentative, de méfiance vis-à-vis de tous les groupes politiques. Ce serait la porte ouverte à n’importe quel dangereux démagogue suffisamment habile. On se retrouverait dans la situation que nous évoquons ci-dessus.

Et il y a, en sus, tous les autres facteurs de crises graves

La rivalité qui oppose les deux grandes puissances que sont la Chine et les USA inquiète. Ceux-ci ont encore pour quelque temps des forces très supérieures à celles de la Chine. Mais c’est en train de changer et en l’Asie sud-orientale les armées chinoises sont aussi puissantes que celles des USA. Taï-Wan est aujourd’hui le lieu de toutes les incertitudes. Jusqu’où les Américains sont-ils prêts à aller pour défendre Taï Wan et les Chinois pour l’absorber ?

Le monde géopolitique est instable mais peut-être pas plus dangereux que lors des décennies passées. L’Afrique noire qui rejette les anciennes puissances coloniales, courtisée par la Russie, n’a pas de visée impériale ni belliqueuse. Le monde arabo-musulman est nettement hostile au « bloc occidental » emmené par les USA ; les Européens n’y sont qu’acteurs diplomatique secondaires. Mais malgré ce qu’affirme Edgar Morin, sauf événement imprévisible, la guerre Israël-Hamas ne va pas s’étendre et embraser tout le Moyen-Orient. Pourquoi ? L’Arabie saoudite ne veut pas la guerre. L’ambition de MBS (Mohamed Ben Salman, le vrai maître du pays) est de préparer la diversification de l’économie de son pays et d’utiliser les richesses que lui donne encore le pétrole pour préparer… l’après pétrole. Quant à l’Iran il ne veut pas non plus la guerre : il sait que son engagement direct, dans une guerre généralisée au Proche-Orient, conduirait rapidement les USA à bombarder les infrastructures iraniennes notamment les installations où l’Iran se prépare à se doter de l’arme nucléaire. Aucune des grandes puissances ne veut l’extension de la guerre dans cette région. Nous le remarquons : Israël, bombarde et tue tous les jours de nombreux Palestiniens. Tous les pays arabo-musulmans autour proclament leur solidarité avec eux, mais aucun d’entre eux n’intervient. Ils assistent, passifs, à l’hécatombe des Palestiniens.

L’Inde est le pays le plus peuplé du monde, et se dote d’une armée moderne. L’Union indienne est la rivale de la Chine et s’en méfie. Avec le président Narendra Modi, elle devient un pays d’abord hindouiste, hostile aux Chrétiens et surtout aux Musulmans qui y sont une minorité de plus de 200 millions d’habitants. Elle n’est affiliée à aucun camp et est de ce fait, facteur de paix du point de vue géopolitique. Les classes dirigeantes Indiennes sont plus proches des Occidentaux que des « élites » dirigeantes de tout autre pays. 

  1. Biosphère en péril. Biodiversité drastiquement réduite à cause de notre mode de développement.

Un scientifique présenté comme « un grand scientifique », Aurélien Barrau, vient de publier un petit essai très alarmant. » L’hypothèse K » (Grasset octobre 2023). Il ouvre son livre par la déclaration suivante : « Ni un drame écologique, ni une crise climatique, ni un délitement social : une catastrophe civilisationnelle….Un effondrement de la vie ». Plus loin, page 19 : « l’état de la vie sur terre est catastrophique. » Page 20 : « Le cas de l’effondrement de la vie sur Terre est à peu près aussi clair et incontestable que la rotondité de notre planète. »

Ce monsieur tient au sujet de ces problèmes et de la science, des propos fort intelligents et stimulants même s’ils ne sont pas toujours très clairs. J’avoue avoir été remué par ses affirmations. A côté de cet Aurélien Barrau, Edgar Morin est un grand optimiste !

Malheureusement en cours de lecture j’ai rencontré dans cet essai des assertions qui me font douter du sérieux de ce qu’il avance ! Ainsi, page 155, il cite l’Occident contemporain. Au cas où nous ne saurions pas ce qu’est « l’Occident » il nous le dit dans une note en bas de page. Vous, mes lecteurs, êtes la plupart des Occidentaux mais Barrau vous apprend d’où vous êtes. Qu’est-ce que l’Occident ? « l’Occident n’est plus un lieu, c’est une certaine manière de salir sans douter et de détruire sans vaciller ».

Occident = Salir et détruire.

J’ai lu cette définition. J’avais lu aussi auparavant que, si d’après Barrau, nous réussissions à disposer, grâce à la fusion nucléaire, « d’une énergie presque propre et presque illimitée »….Cela « contribuerait…à décupler la catastrophe ». Pourquoi ? C’est simple et évident pour ce scientifique : nous les hommes en Occident ne saurions rien en faire d’autre qu’aggraver la destruction de la biosphère ! Merci, Aurélien Barrau, prions le ciel avec vous que jamais on ne réussisse à produire une énergie propre et abondante.

C’est suffisant : monsieur Barrau a une telle détestation, un tel rejet du monde auquel il appartient, l’Occident, de ce monde qui l’a formé, lui a fourni les outils scientifiques dont il est fier, de ce monde qui le nourrit, qui lui assure son niveau de vie, sa réputation, ses instruments de travail, son public, que je ne peux accorder foi à ses assertions alarmantes et ses discours qui nous annoncent le pire.

Et pourtant, nonobstant les propos de notre « scientifique », il est certain que le mode de développement qui est le nôtre depuis les débuts de l’industrie, entraîne des blessures graves à la biosphère, certaines irrémédiables. Il est certain aussi que le rythme auquel nous avons puisé dans les biens de la nature, végétaux, animaux, sols, mines, océans, eaux de surface, rivières, les a fortement diminués ou abîmés et parfois a enrayé leur capacité à se régénérer. Le problème n’est pas seulement celui du réchauffement climatique, il est aussi celui de l’épuisement de la biosphère. 

Et nous nous trouvons devant cette contradiction : d’une part il nous faut, dans les pays riches, c’est impératif, modifier nos modes de vie. D’autre part, nous y sommes tellement drogués qu’on ne voit pas comment ces modifications peuvent se produire. Sauf en effet à ce que se manifestent ici ou là et de plus en plus, des catastrophes subies qui contraignent.

Actuellement ce sont les populations des pays pauvres, particulièrement les Africains qui souffrent des conséquences du réchauffement climatique. Mais d’autres régions de la planète seront atteintes. Pensons notamment au manque d’eau qui se manifeste en bien des endroits.

Le second aspect de la contradiction vécue est le suivant. Il y a une prise de conscience, généralisée comme jamais auparavant, des limites de la biosphère et de la nécessité des changements. C’est un espoir, si mince soit-il.

A moins que l’humanité finisse par être sauvée réellement – et sauver la biosphère - non pas par je ne sais quelle invention technique. Mais tout simplement par elle-même. Il nous faut un acte de Foi, de cette Foi qui soulève les montagnes ; Foi en nous-mêmes, en nos enfants, petits-enfants et leurs successeurs. Foi en notre capacité à trouver les voies et moyens de préserver cette Terre, notre seule Terre.

Henricles. Saint Etienne. 25 janvier 2024

 

 

 

 

 

 

 

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