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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Il y a moins longtemps

 

 

Le 14 octobre 2022 j’avais conclu ce que j’avais appelé « mes mémoires » par une page sur l’homosexualité. L’ensemble imprimé de mon texte avait été rassemblé dans un opuscule de quelques 300 pages que j’avais envoyé à un certain nombre de correspondants, soit de ma famille, soit de mes amis.

Nous sommes en 2024, presque deux ans après. Vaut-il la peine de se remettre à compléter ces mémoires par ce qui s’est passé pendant ces deux ans ?

Oui, et voici notamment une des raisons de cette reprise.

C’est notre sœur aînée, Anne, qui avait réagi à ce texte avec le plus d’enthousiasme. Elle m’avait dit y avoir pris beaucoup de plaisir. Elle en avait même parlé à notre frère Jacques pour l’inciter à s’y plonger lui aussi. Presque deux ans sont passés. Avec grande tristesse, je sais que cette fois, si je continue ces mémoires et les imprime, Anne ne les commentera ni même ne les lira ! C’est le plus marquant de ce qui est arrivé depuis 2022. Alors qu’Anne   était présente à chacune et chacun de nous, qu’elle était active à sa chorale, sa paroisse, aimait recevoir des amis chez elle ; alors qu’elle prenait souvent son téléphone pour bavarder avec ses frères éloignés de Marseille ou ses nièces et neveux, elle a brutalement, en quelques semaines, sombré dans un état très pénible, frustrant pour elle d’abord et pour chacun de nous, ses frères et sa sœur. Elle a à la fois perdu son équilibre et ses forces, si bien qu’elle ne peut plus se tenir normalement debout ni déambuler sans tomber ! La voilà donc contrainte de rester le plus souvent couchée ou dans un fauteuil roulant dont elle ne peut sortir seule. Elle est en maison de retraite puisqu’il était impossible qu’elle restât chez elle, sous la menace permanente d’une chute.

Mais ce n’est pas tout. Le plus désolant est qu’elle a aussi, en grande partie, « perdu la tête » comme on dit. Plus de mémoire sûre, plus de conversation simple sans qu’elle se trouve incapable de trouver les mots dont elle a besoin et ensuite, rapidement, elle déraille. Bref, c’est triste parce qu’elle le sait et en souffre.  Pour notre sœur Charlotte, notre frère Jacques à Marseille, de même que pour Antoine et moi loin de Marseille, cette dégringolade est désolante, d’autant plus qu’à son âge, 92 ans, le 4 juillet, c’est irrémédiable.

Cet état de notre sœur la plus âgée nous a conduits à nous interroger sur notre proche devenir à nos âges. En effet dans notre fratrie nous sommes tous au-delà de 79 ans. Après Anne il y a Charlotte qui aura bientôt 88 ans, Antoine. 86 et sa femme Jacqueline aussi, Henri 84 et Renée, 82 et Jacques 79 ! Comment se passeront nos dernières années, voilà la question dont nous avons parlé un peu longuement. Rester ou non chez soi et avec quelle aide ?  Si on n’est plus autonome comment faire ? Que décider pour les choses qu’on a dans sa maison ? Faut-il anticiper les événements qui peuvent surgir et nous surprendre ?

Ces interrogations sont nécessaires : il s’agit de préparer notre fin de vie et donc accepter avec sérénité que le terme en soit proche. Cela dit nos échanges à ce sujet n’ont jamais été tristes ni déprimants dans la mesure où par ces questions nous  demeurons tournés vers l’avenir, un avenir dont nous sommes encore acteurs puisque nous le préparons et tentons d’en choisir les modalités. Ce fut également occasion de constater que notre fratrie vit en paix, je veux dire ici qu’il n’y a pas entre nous de conflit passé ou présent qui assombrisse nos relations.

Et puis, il n’y a pas que nous « les vieux ». Nous sommes entourés de nos enfants et petits enfants même s’ils ne résident pas toujours tout près. Et depuis deux ans et demi notre première arrière, Sara, la fille de Margot illumine nos visages, déclenche nos sourires et rires aussitôt que nous la voyons en photo ou sur l’ordinateur, tellement elle est jolie, vive, expressive ! En juillet, en provenance de son lointain Brésil, Sara arrivera pour quelques mois en France avec ses parents Margot et Daniel : un bonheur pour chacun de nous.

Voilà les événements les plus marquants de ces deux années.

J’ai continué à rédiger et publier sur mon blog mes réflexions sur la marche du monde. En effet, jusqu’à mon dernier souffle je garderai mon esprit mobilisé pour tenter de suivre et comprendre les événements qui concernent notre espèce humaine, ses milliards de femmes et hommes qui vivent sur cette planète qu’est la terre, dans ce monde aquatique, minéral, végétal et animal, qu’ils utilisent, exploitent, parfois abîment, détruisent même partiellement ou cherchent à préserver. Et qu’ils ont mis en valeur dans bien des endroits. Je suis avec tristesse, parfois avec colère ou révolte les horreurs que nous hommes, nous faisons subir mutuellement. Au-delà des conflits qui font la « une » des actualités télévisées et radiodiffusées, il y a tout ce dont on ne parle pas mais qui n’en existe pas moins. Qui parle par exemple du véritable esclavage que subissent en Chine les centaines de Coréennes ou Ouighours emmenées travailler dans les usines de smartphone ou composants d’ordinateurs ? Esclaves sexuels en même temps qu’esclaves travailleurs. Qui parle des Noirs venus d’Afrique maltraités et renvoyés chez eux après avoir été dépouillés de tout par Tunisiens ou Algériens ?  Qui ose dénoncer le racisme d’un très grand nombre d’Arabes contre les Noirs parce qu’ils sont noirs ? Et, hypocrites, on n’en accuse pas les « Arabes » parce qu’il y a tant de racisme contre eux qu’on craint d’en rajouter !  Qui dénonce l’oppression, les souffrances parfois que les Indiens d’Inde encouragés par leur gouvernement font subir à leurs compatriotes Indiens musulmans – ou chrétiens aussi -- tout simplement parce qu’ils ne sont pas de religion Hindoue ?

Rester ardemment en quête de savoir et si possible comprendre ce qui se passe dans le monde c’est aussi quelquefois se réjouir de constater à quel point notre espèce humaine, capable du pire l’est également du meilleur. L’autre soir la télévision nous a offert une petite bouffée de satisfaction devant l’action d’un groupe de femmes et d’hommes. Au cours d’un long reportage nous avons suivi l’aventure en Patagonie, d’une équipe de jeunes, femmes et hommes – quelques moins jeunes les accompagnaient --- à la fois de haut niveau scientifique et sportif, particulièrement courageux et audacieux, partis explorer, pénétrer pour la toute première fois, quelques-unes des grottes profondes qui s’enfouissent sous les énormes épaisseurs de glace du sud de la Patagonie. Il leur fallait, comme dit plus haut, à la fois audace, connaissance scientifique en biologie, spéléologie, glaciologie et excellentes capacités sportives. Et cela dans quel but ? Permettre à la connaissance de progresser, tout simplement et notamment suivre et essayer de comprendre les mouvements des glaciers. Ils étaient équipés de nombreux outils techniques précis et complexes indispensables. Ils avaient emmené avec eux un homme et une femme descendants des peuples premiers qui vivaient dans ces régions parmi les plus rudes et inhospitalières de la terre. Et curieusement, eux, les « savants », les scientifiques, étaient avides de les interroger et d’apprendre de cette femme et cet homme de nombreuses choses sur les lieux qu’ils découvraient. Alors que malheureusement la conquête de terres nouvelles par les Occidentaux s’est le plus souvent accompagnée du mépris manifesté à l’égard des « autochtones », là au contraire nos chercheurs les interrogeaient avec humilité pour apprendre d’eux.  En même temps d’ailleurs que ces deux autochtones ont profité de la présence de cette équipe et de ses bateaux pour revenir sur des lieux où ils étaient nés et avaient été élevés. Ce reportage a été vraiment un moment où on voit femmes et hommes en train de prendre des risques et donner le meilleur d’eux-mêmes pour la découverte, l’innovation !

…Aujourd’hui, téléphone à Charlotte, mon autre sœur, hospitalisée depuis quelques jours à Marseille à cause de son cancer du poumon. Elle est très fatiguée bien sûr. Et sans dramatiser nous sommes tous inquiets : nous savons qu’au grands âges ces cancers évoluent lentement mais malgré ce n’ignorons pas qu’un cancer du poumon n’est pas, a-priori, maladie bégnine. A l’hôpital elle a confiance dans l’oncologue qui l’a reçue et la suit. Mais tout de même c’est un sale coup qui lui est, soudainement, tombé dessus. Elle me dit qu’elle va mieux et espère sortir lundi de l’hôpital et rester vivre chez elle. Si elle sort demain nous irons la rejoindre de façon à la soulager des choses quotidiennes qui lui pèseraient trop si elle devait demeurer seule pour les faire.

 

Vieillesse

 

A l’heure où la nuit se tord
Une page se tourne
Dans un éphémère silence –
Le visage fané
Refleurira sous un autre jour,
Dans un autre temps.
Un ailleurs se dessine
Mais nul ne le sait.

Vieillir sans oublier
Vieillir et effacer ses rides
Ou bien les garder
Pour laisser poindre un nouveau jour.

Sandrine Davin

 

 

 

Henricles.  A Saint Etienne le 22 avril 2024.

 

 

 

 

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