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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Né en 1940 mort après 2020. Deuxième partie

 

II  1945 / 1975  A

1945 année faste.

Le 8 et le 9 mai  capitulation allemande, victoire des Alliés. Fin de la guerre en Europe.

Le 11 mai Maman met au monde son sixième enfant, le quatrième garçon !

 Elle a déjà 39 ans, il n’y aura pas de septième ! Au tour de celui né en 1940, Henri, d’être destitué de son trône de dernier. Mais cela ne me perturbe pas puisque mon état de santé, toujours très fragile en ces années, m’attire toujours autant d’attention et de soins qu’avant la naissance du sixième !

Lorsque, plus tard, je lisais, avec grand intérêt, le livre que venait de publier l’économiste Jean Fourastié, « les Trente Glorieuses » je ne pensais pas que ce titre –plus encore que le contenu de l’ouvrage – serait appelé à un telle renommée. Peu de gens se le rappellent, mais à cette époque, Fourastié avait choisi ce titre pour ce livre, en référence aux « Trois Glorieuses » expression que « tout le public cultivé » comme on dit parfois, connaissait. Par cette expression on désignait les trois jours de « révolution » de juillet 1830 qui avaient mis fin à la Restauration et installé la monarchie de Louis-Philippe dite « de juillet » laquelle avait rétabli le drapeau tricolore et soi-disant les principales conquêtes de 1789 !

Aujourd’hui, le titre de Fourastié est devenu plus célèbre que l’épisode de  1830. 

« Trente Glorieuses » ? 1945 / 1976.

Fourastié, a seulement montré que pendant ces trente ans, la France  avait connu une croissance économique régulière et qu’en conséquence, la vie quotidienne des Français s’était profondément transformée. Le pays s’était doté de nombreux équipements collectifs et les ménages français avaient eu accès à une abondance qui s’était peu à peu substituée aux pénuries des époques précédentes. Bref, les Français comme leurs voisins d’Europe occidentale étaient entrés en 1975 pleinement dans la « société de consommation ».

Sa démonstration était claire et convaincante.

Cela dit, Fourastié n’a jamais proclamé que cette période était un temps de  tranquillité sociale, d’une société sereine, d’une société qui n’aurait pas connu angoisses, insatisfactions, inquiétudes diverses.

Les « Trente Glorieuses », servent aujourd’hui, parfois, à alimenter la nostalgie d’une époque « bénie », à l’opposé de celle d’aujourd’hui qui serait celle du chômage de masse, du « no future », de la fin annoncée du progrès, parfois même de la dégradation en vue des conditions d’existence sur la « planète », la biosphère plus exactement, puisque l’énormité des volumes de la planète-terre la préserve, et pour longtemps, de tous les maux que les hommes infligent à la biosphère. La biosphère est la couche superficielle de la planète qui comprend l’hydrosphère, l’atmosphère et la lithosphère, c’est –à-dire ce sur quoi et avec quoi nous vivons. La biosphère a une épaisseur d’environ 100 kms alors que le rayon de la planète entre la surface et le cœur du globe terrestre est de plus de…12 000 kms ! Autant dire que la planète n’est en rien menacée par les hommes, seule l’est, au sens strict, la biosphère ! Mais Va ! Pour la planète !

Et ne peut-on même pas penser que la « planète » contient, sous la biosphère, tous les éléments aptes à régénérer ce que nous détruisons ? Le problème reste bien sûr du temps nécessaire pour cette régénération !

Rappeler maintenant ce qu’ont été, pour nous  citoyens français, ces  trente années de 1945 à 1976.

Il y a eu, les progrès rapides,  indéniables, que Fourastié a bien montrés ! O.K.

Mais il y a eu également de très nombreuses situations ou événements angoissants, difficiles à accepter et des crises historiques douloureuses.

Non ! Nous, femmes et hommes de ces années-là n’avons pas vécu des années de paix, sérénité et enrichissement faciles comme on l’imagine trop souvent.

Voyons un peu.

Elève en secondaire, dans un collège de Jésuites, j’avais des journées qui se terminaient à 19 h après deux heures d’étude obligatoire où on devait rendre un devoir, version latine, rédaction française, problèmes de maths ou autre. On avait classe le samedi jusqu’à 18 h ! Et on rentrait tous les jours, sauf le jeudi, à 7 h 55 le matin y compris le samedi, 7 h 55, de façon à être dans la classe à 8 h pile ! Si on arrivait en retard, le lendemain il fallait arriver au collège à 7 h 40 ! On sortait à 12 h 15 et rentrait l’après-midi à 13 h 55 !

Et le soir à la maison on devait encore apprendre ses leçons et moi, souvent, en plus, - et oui !-   rédiger une punition à rendre le lendemain ! Je n’ai pas été vraiment un « bon élève » ! Heureusement mon père, malade, passait beaucoup de temps à dormir sur son fauteuil et n’était pas très exigeant lorsque maman lui demandait de me  faire réciter mes leçons !

Arriver à la maison pour l’heure du goûter de 16 h était un rêve qui était réalisé parfois, certains samedis ou les veilles de vacances ! Ma sœur Charlotte et moi évoquions récemment ces joyeux goûters à la salle à manger où on buvait du café au lait et mangeait des tartines de beurre et chocolat ! On se rappelle même la marque de ce chocolat à croquer, « Marlieu » ! Il était fabriqué à La Tour du Pin dans l’Isère. Ce chocolat a  joué un tel rôle dans les petits bonheurs de notre enfance, qu’un jour, il y a quelques années, de passage  à la Tour du Pin, j’ai cherché l’usine Marlieu et l’ai trouvée ! J’ai raconté aux patrons l’histoire de nos goûters d’enfants ! Mais ils m’ont dit qu’aujourd’hui ils ne produisaient plus ce chocolat à croquer !

Et puis, au fil des années, le régime scolaire s’est adouci et une fois en première ou terminale, on n’avait plus classe le samedi après-midi que jusqu’à 16 h : on s’acheminait ainsi peu-à-peu vers des rythmes moins sévères.

Les adultes autour de nous connaissaient eux aussi de longues journées et semaines de travail.

Les salariés travaillaient beaucoup plus longtemps, les vacances et congés étaient bien plus réduits. 44 h semaine en moyenne pour les salariés ouvriers et employés. Deux semaines seulement de congé payé. Ce n’est qu’en 1956 que les salariés obtiennent une troisième semaine et en 1969 une quatrième !

A cette époque le congé de maternité n’était que de 14 semaines et c’est en 1980, bien après les « Trente Glorieuses » qu’il est passé à 16 semaines.

Quant au congé de paternité il n’existait pas. Un papa avait droit à 3 jours d’absence pour la naissance d’un enfant. Il a fallu attendre…2002 pour que les pères aient droit à 11 jours de congé paternité ajoutés aux 3 jours ! Jeune père, pour la deuxième fois en 1967, puis la troisième  en 1970, je ne me rappelle pas avoir pu m’absenter du travail plus de deux ou trois jours à l’occasion de la naissance de mes  enfants !

Enfin il existe aujourd’hui, et tout cela n’a été décidé que peu à peu, un grand nombre de situations ou événements qui ouvrent des droits à congé : par exemple, son mariage, le mariage d’un enfant, l’hospitalisation d’un enfant qui vient de naître, le décès d’un enfant ou d’un proche parent, la maladie d’un enfant de moins de seize ans…le congé-formation. Tout cela n’existait pas ainsi, donc les salariés étaient bien plus rivés au travail qu’aujourd’hui !

Exemple. En 1968 je décide de préparer un concours pour être enseignant titulaire. Jusque-là j’étais maître auxiliaire en établissement privé sous contrat, autant dire le « prolo » de l’enseignement, le moins bien payé, sans perspective de  promotion.

Renée s’occupe à la maison de nos deux enfants et pour assurer les fins de mois je fais des heures supplémentaires ! 

Pour préparer ce concours, je n’ai bénéficié d’aucun congé, d’aucun allègement d’horaires. Et je n’ai eu le droit de m’absenter de mes cours que les jours des épreuves écrites du concours !

Préparer un concours d’agrégation en assurant 22h. ou 23 h. de cours hebdomadaires était une gageure mais aucune autre solution ne se présentait !

Aujourd’hui, les enseignants qui veulent préparer un concours bénéficient très souvent de congé et peuvent parfois travailler leurs épreuves sans avoir à donner leurs cours ! Tant mieux pour eux ! Et on a créé pour eux un concours spécial, le concours interne différent du concours des autres, le concours externe

Loin de moi l’idée de me plaindre ! Je dis cela seulement pour rappeler que la société des « Trente Glorieuses » était une société où avant tout, et quoi qu’il arrive, il fallait « bosser », « bosser »,  « bosser » ! Les loisirs, les congés pour ci ou pour ça, c’est venu beaucoup plus tard !

La retraite, c’était à 65 ans en général sauf pour certaines professions privilégiées et …qui le demeurent ! C’est d’ailleurs essentiellement pour sauvegarder leurs privilèges que ces professions ont déclenché la lutte contre la  réforme des retraites proposée en 2018/ 2019 !

Bref, c’est depuis les années 80 seulement que nous sommes entrés dans ce qu’un sociologue a appelé la « société des loisirs » mais entre 45 et 75 nous étions encore largement dans la société du travail plus que des loisirs !

Pendant les « Trente Glorieuses » n’ont pas manqué les crises graves et les raisons d’être inquiet et même angoissé.

Henricles. Silhac. Le 06 01 2021

 

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