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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Né en 1940 mort après 2020. Première partie 1940 / 1945 B

B ) Les choses se précisent.

Il a donc vécu le petit Henri, il est devenu grand. Il n’a jamais cessé de subir ces spasmes et vomissements, toute sa vie ! Les médecins n’ont jamais, pendant des années et des années, réussi à comprendre les causes de ce handicap ni donc à le soigner ! Il s’est développé, faible, souvent fatigué, mais il lui fallait se lever deux ou trois fois, parfois plus, parfois moins, à tous les repas, pour rendre aux toilettes ce que l’organisme refusait d’ingurgiter, d’absorber. Bien des hypothèses ont été émises et je me souviens encore d’une étrange visite chez un psychiatre qui n’avait rien compris lui non plus…Heureusement pour moi !

Je vais vous raconter le coup de la cerise ! Spectaculaire !

Peut-être avez-vous entendu parler du grand film de Kiarostami, le maître  iranien du cinéma, sorti en 1997, « le goût de la cerise » ? Un homme n’a plus envie de vivre, creuse lui-même sa tombe en contrebas d’une route, puis un ancien goût de cerise qui lui revient suffit à lui redonner l’envie de vivre et peut-être, retrouver un jour, dans la bouche, le délicieux « goût de la cerise »

1965 : je suis à Alger où est né notre premier fils. J’y accomplis mon service militaire en coopération. Renée et moi sommes invités au restaurant par un ami. C’est le printemps et au dessert on nous propose les toutes premières cerises ! Certes, dans ma vie, par chance, je n’ai jamais eu de pulsion suicidaire, comme le personnage de Kiarostami mais comme lui j’ai toujours eu une appétence irrépressible pour « le goût de la cerise » ! Goulument j’en croque une, puis une autre, puis dans le feu de la conversation, tout d’un coup, j’en avale une bien charnue avec… son noyau ! C’était le soir ! Je ne dis rien à notre ami, nous rentrons chez nous et dis à Renée : « tu sais, la cerise avec son noyau est restée coincée au milieu de l’œsophage » ! Elle n’accepte ni de descendre, comme elle le devrait, ni non plus d’obéir à mes efforts laborieux pour la faire remonter, bien que dans cet exercice j’aie depuis des années acquis une vraie expertise.

Renée croit que « ça va passer » ! Allons dormir et demain elle sera descendue !

Je sais que c’est une illusion : j’ai essayé, dès que nous sommes rentrés à la maison : cette satanée cerise s’est tellement coincée dans l’œsophage qu’elle interdit même à la moindre goutte d’eau de passer ! J’essaye de dormir, tout de même un peu inquiet et le lendemain matin, la cerise était toujours là, ferme, solide, obstacle infranchissable par le moindre soupçon d’aliment ou de boisson !

Que faire ?  

Nous sommes à Alger en 1965, un pays encore en convalescence après le départ précipité des Français et la disparition ou la mise à l’arrêt de nombreuses installations à cause du manque de compétences ! Nous sommes un peu inquiets !

Pas d’hésitation, il faut aller à l’hôpital et expliquer la situation au corps médical qui aura probablement de la peine à  décider ce qu’il faut faire ! Il n’y avait qu’une solution : après anesthésie générale un chirurgien a introduit une « paire de ciseaux » dans le tube digestif et peu-à-peu, morceau par morceau, a découpé la cerise et l’a retirée ! Au réveil au bout d’un petit moment, merveille, je pouvais boire, manger comme d’habitude ! Heureusement j’étais tombé sur des gens à la fois aimables et compétents !

Je mange toujours des cerises, mais peut-être moins goulument que ces premières cerises algéroises ! Et depuis 55 ans aucun noyau n’a osé se mettre en travers de mon transit œsophagien !

Touchons du bois, du bois de cerisier bien sûr !

A propos de ces spasmes qui me pourrissaient la vie, Il y eut tout de même  un diagnostic, sûr, sérieux, celui de la vielle tante ! Une personnalité fort originale, vieille fille assumée devant l’Éternel, persuadée que les problèmes dits « nerveux » doivent être maîtrisés par la Volonté, avec un grand « V », la volonté d’un homme, d’un vrai homme et non pas d’une mauviette ! Elle, elle savait : c’était nerveux et je n’avais qu’à me maîtriser, me montrer un garçon, un vrai garçon ! Si elle n’avait pas été la vieille refoulée qui avait le sexe en horreur et n’aurait jamais osé y faire d’autre allusion que de dégoût, si elle avait été d’aujourd’hui, elle aurait dit : «  un vrai garçon qui a quelque chose entre les jambes » !

Sympa la vieille tante !

Hélas, ma mère avait eu le malheur de perdre sa propre mère très jeune et ce sont ses tantes, celle-là, et sa sœur qui l’ont élevée, choyée et ont essayé de lui donner un peu de l’amour perdu de sa mère ! Alors, pas de chance pour la petite « mauviette », le petit vomisseur, c’était assez souvent que notre mère nous confiait à cette si douce tante pour des séjours à la campagne ! Où je  devais subir quelquefois le mépris et les sarcasmes de la vieille refoulée ! Cela dit, à sa façon, cette grand ’tante prenait soin de nous avec dévouement !

Toujours est-il que les progrès de la science et des techniques ont permis un jour, de comprendre, de savoir, sinon la cause profonde du moins la cause organique ! J’étais déjà marié, père de famille et un jour un radiologue s’est acharné, a cherché et Eureka ! Il a fini par voir : une hernie hiatale énorme ! A cause d’elle, pénètre dans l’œsophage un dangereux  indésirable, le liquide acide qui dans l’estomac participe à la digestion ! Mais dans l’œsophage, cet acide blesse la muqueuse, l’irrite et trouble le transit normal des aliments : douleurs, contractions, spasmes qui ferment l’œsophage ! Ouf ! On a l’explication physiologique ! 

Quant à soigner ? Je passe les détails et les années. Pendant quelques années, un médicament pansement est efficace pour apaiser les brûlures douloureuses, d’un œsophage qui a fini par être ulcéré, mais il ne sert pas à grand-chose pour fluidifier et régulariser un transit qui demeure aléatoire !

La vie continue alors, comme avant : lorsque j’arrive quelque part où je dois  prendre un repas quelconque, je suis d’abord en quête de repérer les toilettes…Vous comprenez pourquoi ! Et il me faut bien choisir ma place à table de façon à ne pas déranger trop de convives chaque fois que je dois me lever ! Pas toujours simple !

Et puis, un jour, miracle ! Dans un laboratoire pharmaceutique, des chercheurs découvrent un médicament très important ! Pendant longtemps il fut le remède le plus vendu en France, le Mopral ! En langage savant, cela s’appelle « un inhibiteur de la pompe à protons » soit un médicament qui réduit la sécrétion acide de l’estomac. C’est le patron gastroentérologue de l’hôpital Nord à Marseille qui me l’a prescrit ! Ce fut, je l’ai déjà dit plus haut, pour moi, une découverte miraculeuse ! Depuis, je prends tous les jours un comprimé de ce médicament, oui, depuis plus de trente ans, et le transit à travers l’œsophage se passe très bien ! Je ne me mets plus en quête des toilettes dès que j’arrive dans un restaurant et n’ai plus jamais besoin d’expliquer à la maîtresse de maison ou aux amis chez qui je suis invité que si je me lève pendant le repas non, non, ce n’est pas parce que je n’aime pas, ni non plus parce que je ne supporte pas, ou que j’aurais besoin de quelque chose, parce que je suis fatigué, parce que ceci, parce que cela !

Fini ! En général, Je ne me lève plus !  

Alors vous savez, les philippiques contre la médecine traditionnelle, et surtout contre ces gros labos qui se sucrent sur notre dos et ne cherchent que ce qui peut leur apporter un profit, ces philippiques donc m’importunent.

Je n’ai aucune illusion : oui, les laboratoires pharmaceutiques, n’appartiennent pas, - sauf exception peut-être ? -  à des François d’Assise ou des Charles de Foucauld, c’est sûr ! Certes ils cherchent à faire des profits et à verser à leurs actionnaires un retour sur investissement important !

Mais cela dit, c’est tous les ans, que dans le monde, et essentiellement dans le monde occidental de ce capitalisme » tant honni, des laboratoires innovent, découvrent, améliorent et mettent sur le marché des produits qui soulagent femmes et hommes de quelques-uns de leurs maux ! En conséquence, peut-être en effet, un jour, des pouvoirs publics ou des groupes de chercheurs privés, développeront ils une recherche pure, fondamentale, indifférente à la quête d’un quelconque profit. Mais où et qui va mettre en place des laboratoires à la fois performants, efficaces, qui rassemblent suffisamment de chercheurs de haut niveau, des capitaux pour financer des recherches longues et couteuses ? Les États ? Les pouvoirs publics ? Dans l’idéal on peut le concevoir, l’espérer même, mais l’expérience montre que jusqu’à maintenant, s’il n’y a pas d’initiative privée et de profit espéré, nous sommes dans l’utopie ou bien on tombe dans la pire des gabegies bureaucratiques avec parfois la corruption en plus ! Cherchons à marcher vers l’utopie, O K., mais en attendant, dénoncer violemment les laboratoires de recherche est vain et c’est une faute. On doit dénoncer lorsqu’il y a des fraudes ou malversations ou mensonges prouvés. Et si on veut que la recherche scientifique, médicale, progresse, il faut une volonté des pouvoirs publics, non pas pour supprimer les laboratoires, mais les contrôler et financer avec eux ou à côté d’eux des recherches qu’on sait non rentables directement pour des investisseurs !

Et là comme ailleurs, il faudra bien qu’un jour enfin, la puissance publique, sous la pression d’une opinion lasse de trop de profits ici et trop de pauvreté là, se décide à imposer des règles aux mouvements de capitaux et à limiter les taux de rentabilité qu’ils exigent ! Mais il faut pour cela une autorité européenne pour l’imposer : dans notre pays seul, ce n’est pas possible sauf à voir les capitaux s’en aller vite vite dans le pays d’à côté  et voir se fermer chez nous, rapidement, usines, bureaux et centres de recherche !

Quant à votre serviteur, si les chercheurs qui ont mis au point le médicament miracle qu’il prend, ont gagné beaucoup d’argent, cela ne le gêne pas : au moins, eux, ont contribué concrètement à faire reculer la souffrance de dizaines de milliers de gens et à lui permettre une vie normale ! Chose qu’il n’avait jamais connue avant !

On peut aussi penser à raison que la médecine occidentale, doit évoluer, doit devenir plus holistique. On doit regretter qu’encore trop souvent les médecins   ne soignent que l’organe et se spécialisent tellement que chaque spécialiste se borne à soigner l’organe qu’il connaît bien et pas l’ensemble de la personne.

Mais soyons sérieux, oui, on souhaiterait une meilleure prise en compte de tout notre organisme, notre corps y compris notre psychisme  et pas seulement un organe séparé du reste de notre être ! Mais le corps humain est tellement complexe que chaque spécialité demande des connaissances si approfondies qu’il faut bien accepter cette spécialisation ! Quant à faire travailler ensemble les divers spécialistes, cela demande du temps, des heures et des heures de collaboration ! Comment le financer ?

Bref, là encore, les jugements à l’emporte-pièce, les condamnations rapides contre notre médecine ne font pas avancer les choses et négligent les nombreuses victoires obtenues contre de nombreuses maladies ! Oui, à une incitation forte à une médecine plus soucieuse de la totalité de la personne mais pas de dénigrement stérile de toute une profession. C’est contre-productif. Et injuste.

Henricles. A Silhac.  Le 02 01 2021

 

 

 

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S
je ne connaissais pas l'histoire de la cerise <br /> je ne sais pas pourquoi mais je croyais que tu prenais de l'inexium comme moi.
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C
Merci Henri, de cette histoire qui finit bien ! Je suis d'accord avec toi sur tes conclusions : haro sur Big pharma, comme ils disent, ça va 2 minutes et ça n'empêche pas ceux qui dénoncent (parfois à juste titre) de se soigner avec ses médicaments. Ah, ce français toujours dans la contradiction... !<br /> Bonne année à toi, à vous deux !
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