Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Ventes d'armes. Éthique et politique

Comment ne pas être scandalisés ? Nous, Occidentaux, sommes les principaux fabricants et marchands d’armes du monde. USA, Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne et Italie ont, entre 2010 et 2014 fourni plus de 55 % des armes vendues dans le monde. Seuls Israël (mais n’est-ce pas encore « l’Occident » ?), la Russie et de plus en plus la Chine jouent un rôle important dans ce commerce.

La France est, selon les années, le 3 ° ou 4 ° marchand d’armes du monde. Le gouvernement des socialistes depuis 2012 est très fier de ses succès dans la vente d’avions et autres systèmes sophistiqués à quelques pays du Moyen-Orient.

C’est avec nos armes occidentales et aussi celles des autres, que l’E.I. Daesh, le Front Al-nostra, Bachar Al Assad et tant d’autres se battent et s’entretuent depuis des années. A Mossoul les gens de Daesh se sont emparés d’un arsenal important d’armes lourdes et chars d’assaut d’origine américaine. En Libye, l’anarchie est entretenue grâce aux stocks d’armes qu’avait accumulés Kadhafi.

On bombarde, on détruit, on ravage, on tue, on blesse avec les armes que nous avons conçues, fabriquées, vendues ou abandonnées.

Ensuite, des « humanitaires » des o.n.g., la plupart Occidentaux, viennent sur place et tant bien que mal, cherchent à soigner, opérer, réparer, soulager les milliers de blessés de ces champs de bataille. victimes de nos armes. On serait presque dans le sommet du ridicule s’il ne s’agissait pas ici de massacres d’une partie de la population de plusieurs pays, de destructions massives et de souffrances humaines démesurées.

D’un côté d’énormes profits, de l’autre, des souffrances terribles ! Pleurs, gémissements, hurlements de douleur, désespoirs, exils, épuisement, et trop souvent la mort qui tombe du ciel.

Moralement, ce serait simple : il faudrait arrêter toute vente d’armes quelles qu’elles soient, puisque les bénéfices réalisés grâce à ces ventes enlèvent tout crédit à nos protestations de « paix » et à nos réactions horrifiées devant les massacres perpétrés !

Moralement ce serait la solution : que les grands fabricants et vendeurs d’armes se mettent d’accord pour mettre fin à ce commerce qui est commerce de mort !

Hélas ! Énoncer cela suffit à montrer qu’on serait dans l’utopie naïve et irréalisable.

Il faut donc poser le problème moral en termes politiques, c’est-à-dire trouver des solutions politiques qui permettent de satisfaire le mieux possible nos exigences éthiques.

C’est très difficile et voyons d’abord pourquoi.

Ensuite nous chercherons des solutions mais poserons plus de questions que nous n’apporterons de réponses.

  1. Cruel dilemme.

Aucun dirigeant un tant soit peu responsable ne peut laisser un pays comme la France sans défense donc sans arme. On pourrait certes imaginer qu’un peuple décide d’opposer une résistance passive non violente à toute agression d’où qu’elle vienne, mais d’une part, c’est aujourd’hui, utopique, d’autre part la « défense » d’un territoire et d’un pays important commence au-delà de ses frontières, par exemple sur mer et dans les airs, sans parler de la cyberdéfense.

De nos jours les divers systèmes d’armes aériennes, maritimes ou terrestres, sont très sophistiqués. Ils demandent de faire travailler des milliers de chercheurs, concepteurs ingénieurs, techniciens, dans des installations elles-mêmes techniquement complexes. Bref, une défense nationale, du moins dans un grand pays, exige une industrie d’armement, des laboratoires de recherche coûteux et nombreux.

En France, il y a une industrie d’armement très développée, performante. Elle représente environ 170 000 salariés. Et les entreprises d’armement sont à la pointe de la recherche et du progrès technique. Mais parler de 170 000 salariés de ces entreprises, est réducteur. En effet il n’y a pas de frontière étanche entre une recherche ou production qui serait « civile » et une autre qui serait « militaire ». L’exemple le plus facile est celui de Dassault : les progrès techniques réalisés sur le Rafale, ont servi à mettre au point un nouveau bijou de Dassault, l’avion d’affaires civil « Falcon ». Autre exemple : les travaux d’Arianespace autour des satellites et la mise au point à cette occasion de procédés techniques complexes, sont des travaux « civils » mais aux conséquences « militaires » importantes.

En conséquence, le « complexe militaro-industriel » est un complexe « militaro-civilo- industriel ».

Enfin ajoutons que la conception et la fabrication de systèmes d’aviation ou de télécommunications impliquent de les rentabiliser avec des ventes en nombre suffisant. Le marché national ne peut absorber qu’une fraction d’une production qui, pour ne pas être trop coûteuse, doit en partie être vendue à d’autres. Concrètement cela veut dire par exemple que l’exportation de « Rafale » évite de faire porter sur le contribuable français le poids trop élevé de la mise au point et de la fabrication de ces avions ! Et on n’aurait pas les moyens de mettre au point certains types de procédés techniques si on ne travaillait pas sur des quantités importantes. Il faut une certaine « masse critique » pour être efficace.

Aucun dirigeant politique compétent, même le plus pacifiste, ne prendrait la responsabilité d’affaiblir nos industries d’armement, de les limiter et de refuser d’exporter. Pourquoi ? Tout simplement parce que cela entraînerait bientôt la fermeture de certaines installations et le licenciement de milliers de salariés, mis ainsi au chômage.

Pour un pays comme le nôtre, qui a une longue histoire de « puissance militaire », il semble bien qu’il soit impossible de renoncer vite et facilement pour des raisons morales, au développement de notre industrie d’armement et aux exportations.

Est-ce à dire qu’au nom de la rentabilité et de l’emploi on ne doive mettre aucune limite et jeter par-dessus bord toute préoccupation éthique ? Non, non et non !

  1. Comment faire ?

L’auteur de cet article est bien embarrassé et ne sait comment résoudre la contradiction entre la Raison d’État qui impose de fabriquer et vendre et l’éthique qui devrait nous interdire de demeurer des « marchands de mort » !

On peut avancer trois pistes de réflexion dans l’espoir que les lecteurs de ce blog les critiqueront et surtout enrichiront.

  1. L’Europe

Là encore ce serait un début de solution. Si la France seule ne peut équiper ses armées en trop grand nombre pour que leurs achats permettent d’atteindre la « masse critique » nécessaire à une industrie d’armement moderne, tout pourrait changer s’il y avait enfin une « armée européenne ». Pour contre balancer la puissance militaire de la Russie et des Usa les Européens unis devraient se doter d’une puissance militaire considérable. L’Europe serait alors le « pilier » européen de l’Alliance atlantique, égale aux USA et capable d’intimider n’importe quelle puissance. Dans ce cas-là, les quantités d’armes diverses achetées par l’armée européenne seraient en partie suffisantes pour qu’une industrie d’armement n’ait pas un besoin vital d’exporter.

Hélas nous sommes encore loin de cette hypothèse même si c’est le but à atteindre.

  1. Refuser de vendre à certains pays.

Ce serait une solution certes coûteuse mais peut-être un pas vers plus d’éthique. Les dictatures obscurantistes telles que celles du Moyen-Orient et les autres régimes corrompus qui utilisent leurs forces armées pour imposer des pouvoirs cruels et anti démocratiques, devraient être exclus de nos clients acheteurs d’armes. Vous allez me dire : mais alors ce sont nos concurrents qui leur vendront les armes que nous leur refuserons. A cela je répondrai que d’abord ce ne serait pas toujours vrai. Ainsi les Russes n’ont pas trouvé les « navires de guerre » propres à remplacer les « Mistral » français que le gouvernement refuse de leur livrer malgré les engagements, en sanction contre l’invasion de l’Ukraine ! D’autre part ce n’est pas parce que d’autres obtiendraient les marchés que nous refuserions qu’il faudrait les accepter. Un minimum de morale me dit que je ne dois jamais torturer. Si je refuse de torturer, il y aura probablement toujours quelqu’un pour me remplacer à la torture. Ce n’est pas pour cela que je dois accepter de torturer. Pour les ventes d’armes c’est la même chose !

Aujourd’hui vendre des armes aux pétromonarchies dictatoriales du Moyen-Orient ou au Sud-Soudan est moralement condamnable. Fournir des armes à la République indienne est beaucoup plus acceptable.

Vendre des armes au Soudan islamiste et génocidaire est inacceptable. Vendre des armes aux opposants libéraux qui luttent contre le régime de Bachar Al Assad est soutenir une rébellion justifiée.

Bref la morale implique de ne pas accepter de vendre n’importe quelle arme à n’importe quel régime. Et le pouvoir politique doit informer l’opinion publique et assumer ses choix devant elle, courageusement

  1. Activer des négociations de désarmement

Obama, au début de sa présidence, avait lancé l’idée d’un nécessaire et total désarmement nucléaire à négocier. C’était innovateur et ce fut applaudi.

Qu’en est-il aujourd’hui ? On n’entend plus parler de rien à ce sujet et il y a de fortes raisons de douter que devant l’agressivité impériale de Poutine et les ambitions militaires de la Chine, Obama cherche à relancer une telle négociation !

Cela dit un gouvernement qui se voudrait « éthique » devrait se donner comme priorité diplomatique, de lancer, activer, animer des négociations internationales sur le désarmement par exemple en proposant de mettre les « marchands d’armes » d’accord sur des limitations de vente à certains types de régime ou dans des régions telles que le Soudan ou le Congo où les guerres civiles sont particulièrement ravageuses.

On aimerait qu ‘un président socialiste, héritier de Jean Jaurès, prenne des initiatives importantes dans ce domaine au lieu d’être le VRP de Dassault et de crier « vive le Rafale » comme il l’a osé l’autre jour ! Pas une fois nous avons entendu Hollande parler de négociations en vue de désarmement !

Mais il le répète, l’auteur de ces lignes ne sait pas quelle est la politique qui serait vraiment satisfaisante en matière de vente d’armes, satisfaisante du point de vue éthique et politiquement acceptable.

Merci chers amis lecteurs de bien vouloir enrichir cette réflexion qui en a besoin !

Henricles. Le 10 juin 2015

Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
C
Merci, c'est clair !<br /> À bientôt ...
Répondre
C
(Comment ne pas être scandalisés ? Nous, Occidentaux, sommes les principaux fabricants et marchands d’armes du monde. USA, Royaume-Uni, France, Allemagne, Espagne et Italie ont, entre 2010 et 2014 fourni plus de 55 % des armes vendues dans le monde. Seuls Israël, la Russie et de plus en plus la Chine jouent un rôle important dans ce commerce.)<br /> Je ne comprends pas bien cette phrase... <br /> Peux-tu me l'expliquer ?
Répondre
H
Bonjour et pardon de ne pas avoir été clair. Les Occidentaux ont vendu 55 % des armes vendues dans le monde entre 2010 et 2014. En plus de ces pays occidentaux, j'ai rappelé que La Russie, la Chine et Israël sont des marchands d'armes importants dans le monde ! C'est tout. J'espère que c'est clair cette fois. Merci de ta fidélité.