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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Arrêtons d'aider l'Afrique ! Pitié pour eux

Pitié pour eux, arrêtons d’aider les pays africains !

A propos du livre de Dambisa Moyo : l’aide fatale.

 

Elle est économiste, diplômée des universités les plus prestigieuses.

Elle est africaine, Zambienne.

Elle a travaillé à la Banque mondiale et est aujourd’hui salariée de Goldman Sachs, l’institution financière privée la plus puissante du monde.

Elle s’appelle Dambisa Moyo

Elle nous explique, dans un petit livre provocateur, que les milliards de dollars d’aide versés aux pays africains depuis des années  sont en grande partie responsables de l’état catastrophique de bien des pays d’Afrique noire. Selon Dambisa Moyo, l’Afrique ne sortira ni de la pauvreté ni du sous-développement tant quelle recevra de l’aide.

Précisons tout de suite que l’auteur ne remet pas en cause les aides d’urgence destinées à porter remède à des situations de catastrophes en apportant des secours !

Selon la courageuse Dambisa, non seulement il ne faut pas accroître notre aide comme le demandent toutes les bonnes âmes, mais il faut mettre fin à l’aide. Avoir par exemple le courage de dire aux chefs d’État africains : d’ici 5 ans vous ne recevrez plus aucune aide !

En effet, depuis 40 ans, des milliards de dollars ont été déversés sur l’Afrique par des organisations multilatérales ou non telle que la Banque mondiale. « Or, le revenu réel par habitant est aujourd’hui inférieur à ce qu’il était dans les années 70 et nombre de pays africains sont en effet aussi pauvres qu’ils étaient il y a 40 ans »[1]

 « Entre 1990 et 1998 quand le flux de l’aide à l’Afrique était à son apogée, la pauvreté en Afrique est passée de 11% à 66%, progression effarante. Ce qui signifie que sur 1milliard d’Africains, environ 600 millions sont pris au piège de la pauvreté ! » [2]

Dambisa Moyo accumule les informations et les raisonnements pour nous convaincre de l’exactitude de sa thèse. Et elle y réussit !

Ensuite l’économiste africaine propose, dans les derniers chapitres, ce que pourrait être une voie de sortie de la grande      pauvreté et du sous-développement, une fois l’aide enfin interrompue !

Ces dernières pages ne sont pas les plus aisées à lire vu que là, l’auteur entre dans la technique financière et économique pour s’expliquer.

Henricles se propose ci-dessous de résumer les principaux arguments qui, selon l’auteur, condamnent l’aide. Pour ceux qui ne prendront pas le temps de lire le livre.

J’espère néanmoins que vous serez nombreux à vous plonger dans cet ouvrage : il est tellement rare qu’une Africaine s’exprime directement sur ce sujet et n’hésite pas à prendre le contre-pied de tant d’experts des pays donateurs, en général.

« L’aide ne marche pas » et « l’assassin silencieux de la croissance ». Voilà les chapitres où nous comprenons pourquoi l’aide est nocive.

1)    L’aide internationale à l’Afrique ne s’arrête jamais. Il n’y aucune limite temporelle à l’aide. En conséquence, et c’est une des premières nuisances de l’aide, les gouvernements africains considèrent cette aide comme une source permanente et sûre de revenus. Il n’y a aucune incitation à établir des plans financiers à long terme. Pourquoi chercher des moyens de financer le développement puisque « vous  n’avez qu’à attendre tranquillement qu’on vous remette un chèque et à l’encaisser »[3] ? L’aide encourage la paresse et l’irresponsabilité. L’aide installe les gouvernants dans une situation « confortable » de dépendance sans fin !

2)    Corruption, gabegie, gaspillages.

Là, Dambisa Moyo est extrêmement nette et sévère. Elle nous apprend {page 80} « qu’une étude de la Banque mondiale a établi que 85% des flux de l’aide servaient à des fins différentes de celles formulées à l’origine…détournés pour financer des entreprises improductives voire ridicules » !

Une part importante de l’aide internationale aboutit sur les comptes privés des dirigeants et de leurs familiers. C’est le plus connu certes. Mais l’extraordinaire est, d’une part, que cette corruption massive, notoire, n’est jamais sanctionnée dans aucun de ces pays et, d’autre part, que cette corruption n’arrête pas le flot de l’aide internationale qui continue à se déverser sur ces dirigeants qui  la placent sur leurs comptes privés en Suisse ou l’investissent dans des immeubles ou villas de luxe en Europe. L’aide entraîne la corruption laquelle se perpétue grâce à l’aide.

3)    Aide et mal gouvernance.

Les gouvernants corrompus « font obstacle au règne de la loi, à l’établissement d’institutions politiques authentiques, à la protection des libertés ».[4] En effet, la corruption se répand dans tous les niveaux de l’appareil d’État. Les institutions politiques sont perverties et les libertés disparaissent : les dirigeants se maintiennent au pouvoir par tous les moyens de façon à continuer à bénéficier de la manne de l’aide étrangère qui ne s’arrête pas : l’aide internationale permet de s’assurer une rente quasi infinie lorsqu’on parvient au pouvoir.

4)    L’aide contre l’investissement.

Les investissements sont découragés, stérilisés. Là où règne l’arbitraire, la corruption, l’absence de liberté, là où il n’y a qu’un semblant d’État de Droit, les investisseurs disparaissent. Les risques sont trop grands. D’autre part les nationaux sont découragés d’investir parce qu’il y a des moyens bien plus rapides de s’enrichir : réussir à capter une part de  la rente ! Népotisme, adhésion et soumission au  président, au service duquel on se met. Les investissements sont d’autant plus découragés que l’aide permet des importations de produits, parfois des dons qui concurrencent les productions locales, ruinent les producteurs locaux. 

Enfin, la gabegie de l’utilisation de l’aide, entraîne l’absence d’infrastructures de qualité {voies de circulation bien entretenues ; réseau d’adduction et d’assainissement des eaux ; équipement électrique, etc.} sans lesquelles les investissements ne peuvent être efficaces.

L’État n’est aucunement encouragé à faciliter les investissements puisque l’argent coule à flot et permet d’acheter les objets de consommation, les armes, les véhicules, les avions, dont la classe dirigeante a besoin pour assurer son niveau de vie et son maintien au pouvoir !

 

5)    Les pays donateurs complices.

Pourquoi les pays donateurs continuent-ils à déverser des sommes à ces gouvernements corrompus ?

La réponse est simple : il y a des institutions dont la mission principale sinon unique est la distribution et la répartition de l’aide internationale. La Banque mondiale emploie 10 000 personnes, le FMI plus de 2500. Dambisa Moyo compte qu’il y a environ 500 000 personnes dont le gagne-pain, le pouvoir, la carrière, consistent à obtenir et gérer l’aide internationale. Bien évidemment ces institutions non seulement ne veulent pas scier la branche sur laquelle elles sont assises, mais militent dans les assemblées internationales, les forums les G8 ou G20, les conférences diverses, pour que l’aide soit toujours augmentée !  Il est tellement facile d’émouvoir à travers les medias sur la pauvreté des enfants et de culpabiliser les opinions publiques !

 

 

Conclusion.

Dambisa Moyo cite cette formule d’un économiste, Peter Bauer, selon lequel l’aide est « une façon de taxer les pauvres en Occident pour enrichir les nouvelles élites des anciennes colonies »[5]

En 2005, alors au Brésil,  à Brasilia,  j’avais lu un article d’une revue où un économiste universitaire kényan fustigeait l’aide internationale et affirmait déjà que cette aide enfonçait les Africains plutôt qu’elle ne les favorisait !

Combien faudra-t-il de livres, d’articles, de discours, pour venir à bout de cette calamiteuse charité ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 



[1] Dambisa Moyo. L’aide fatale. J.C. Lattès. Paris  Septembre 2009. Page 32

[2] Ouvrage cité page 91 /92

[3]  Ouvrage cité page 77

[4] Ouvrage cité. Page 95

[5]  Ouvrage cité. Page 119

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