Mission historique II

Mission historique pour Ségolène Royal ? II

Je le répète et insiste : il n’y a pas de contradiction entre une intégration politique poussée de quelques pays européens et l’attachement à la communauté nationale. Les Néo- Gaullistes se trompent sur ce sujet et confondent passé de grande puissance, d’’empire et de gloire militaire avec amour du pays ! Et Ségolène Royal, comme sans doute beaucoup d’autres socialistes (ceux qui, majoritairement ont voté « oui » au referendum) est une Européenne convaincue.

Venons-en à ces menaces dont tu parles. Pourquoi penses-tu que la paix et la prospérité soient menacées et que pourrait proposer la France, doit proposer la France face à ces menaces ? Il y a toujours eu des gens pour voir les choses en noir et d’habitude tu es plutôt dans le camp des optimistes et tu préfères faire confiance plutôt que distiller l’inquiétude. Qu’y a-t-il de nouveau ?

Henricles.

C’est vrai, j’ai tendance à croire en nous les hommes, en notre capacité à surmonter les défis que nous rencontrons, à rebondir, à trouver de nouvelles solutions lorsque surgissent de nouveaux obstacles. De ce point de vue je ne crois pas à ceux qui annoncent périodiquement la fin de l’espèce, des catastrophes en chaîne et qui désespèrent de nos frères humains !

Mais j’ai suffisamment étudié d’Histoire pour savoir que les crises qu’on finit certes par surmonter, s’acompagnent toujours de victimes par milliers, de souffrances innombrables, de guerres ou troubles sociaux porteurs de malheurs pour les plus faibles, les perdants !

Ensuite penser que les hommes sont capables de trouver les réponses aux défis qu’ils affrontent, ne veut pas dire attendre avec un optimisme béat que tout se passe bien !

Rappelons-nous Bernanos : l’optimiste est un imbécile heureux et le pessimiste, un imbécile malheureux ! Alors ne soyons pas « imbéciles » et ouvrons les yeux sur le monde de ce début de siècle.

Tous ceux qui étudient le monde d’aujourd’hui sont d’accord pour constater différentes choses qui, rapprochées les unes des autres, donnent un tableau inquiétant de la situation dans l’immédiat avenir ![1]

Portons notre attention sur les principales difficultés qui, additionnées, menacent sans conteste notre prospérité et la paix relative que nos sociétés d’Europe Occidentale connaissent.

a) Les crises financières succèdent aux crises financières tandis qu’éclatent périodiquement des scandales qui concernent des acteurs importants de la sphère financière et mettent en jeu des sommes qui nous donnent le tournis ! Après la crise dite des « subprimes » qui a ébranlé profondément le système bancaire occidental, ce fut cette année le scandale de la la Société Générale et je ne remonte pas aux années précédentes où nombreux ont été les scandales et les crises !

Ces crises récurrentes, ruinent des milliers de gens par dépréciations des « actifs », c'est-à-dire de leurs biens, qu’ils soient biens immobiliers ou valeurs mobilières. Ruinent aussi les débiteurs modestes qui ne peuvent faire face à leurs engagements. Enfin ruinent de nombreuses familles lorsque la crise financière se transmet à l’ensemble de l’économie comme c’est le cas aux Etats-Unis actuellement. Ces crises financières, tout le monde le sait, sont le signe de deux maladies graves du système financiaro-bancaire : d’une part une économie d’endettement massif qui provoque une surabondance de liquidités, par définition inflationniste, d’autre part un dérèglement d’une finance internationale qui échappe quasi totalement aux Institutions de régulation que sont les Banques Centrales , la Banque des Règlements Internationaux (Bâle), les Gendarmes des bourses et le FMI !

Il y a donc urgence à un accord des grandes puissances pour prendre des mesures sévères, rapides et contraignantes pour mettre fin à ces dérèglements. Hélas, si les Américains restent crispés sur leurs dogmes néo-libéraux, aucun pays d’Europe seul n’a de chance de les convaincre d’une nécessaire et énergique intervention. Et le problème est éminemment politique. Les institutions financières ne prendront de mesures à la hauteur des enjeux que si les Politiques les y incitent, les décident, les imposent !

b) La rareté croissante des ressources énergétiques liée tout simplement au fait que plus, les années passent, plus l’écart sera grand entre la production et la consommation d’hydrocarbures. Les prix ne peuvent que rester à moyen terme sur une spirale ascendante. Les conséquences sont plus que graves. Sur le pouvoir d’achat dans tous les pays non producteurs, particulièrement les pays les plus pauvres mais aussi nos pays riches. Sur la lutte sans merci que se livrent et vont de plus en plus se livrer les pays consommateurs qui ne peuvent pas se passer de ces ressources pourtant de plus en plus difficiles d’accès. Il n’y a qu’à voir ce qui se passe actuellement en Asie Centrale entre le Kazakhstan, l’Azerbaïdjan, la Russie, la Turquie, la Chine et les Etats-Unis, pour comprendre la concurrence effrénée pour obtenir ces ressources.

Les Américains utiliseront, si besoin est, leur puissance encore sans rivale pendant quelques années, pour garantir leur accès privilégié aux ressources énergétiques du Moyen-Orient et d’Asie centrale. Obama ou MacCain, comme Bush, agiront toujours selon la maxime : « America first »

. La Chine également cherche partout dans le monde des accords pour ses approvisionnements croissants !

Et en Europe, chacun joue son jeu tout seul : l’Allemagne et l’Italie chacune de leur côté s’entendent avec la Russie, les Français sont heureux de leur équipement nucléaire et veulent le développer avant même d’avoir entièrement résolu le problème des déchets à enfouir et les autres cherchent à se débrouiller comme ils peuvent !

Quant au Moyen Orient il est plus que jamais une poudrière à laquelle quelques attentats terroristes ou des déclarations guerrières et fanatiques du Président iranien peuvent mettre le feu. Il n’est hélas pas exclu que Israël, dont les dirigeants semblent ne pas avoir compris qu’il leur faudrait un jour renoncer à la force et accepter de vrais compromis, ne monte pas une opération de bombardement des installations nucléaires de l’Iran ! Dans ce cas là quelle serait la réaction de l’Iran ? Personne ne le sait mais elle serait de toutes façons terrifiante pour la paix et l’ordre du monde (représailles sur Israël, blocus du détroit d’Ormuz) Et le prix du pétrole monterait en flèche, l’économie de nos pays serait bouleversée dans des proportions inimaginables ! Le terrorisme musulman ferait de nouveaux adeptes par milliers, y compris dans les minorités musulmanes de nos pays !

Ce que tu racontes là est affreux en effet et fait froid dans le dos. Mais n’exagères-tu pas un peu ? Crois-tu que les dirigeants d’Israël seraient assez irresponsables pour lancer une telle opération militaire aux conséquences incalculables ?

Henricles

Tu sais, la peur est mauvaise conseillère. Rien ne nous dit que les Israéliens ne craignent pas qu’avec Obama les Etats-Unis ne négocient avec l’Iran et finissent pas accepter, de fait, un armement nucléaire de ce pays qu’ils ne sauraient empêcher sans l’utilisation d’une force qui mettrait le feu aux poudres. De peur qu’une telle chose arrive, les Israéliens sont hélas bien capables d’une action préventive.

Cela dit ce n’est qu’une hypothèse qu’on ne saurait écarter mais qui, j’espère ne se réalisera pas. On peut même espérer que les Israéliens aient compris qu’en Iran, le vrai patron est plutôt le guide suprême Khamenei que le bouillant président et celui-là est plus modéré que celui-ci !

Il n’en demeure pas moins que la rareté des ressources d’hydrocarbures et la situation du Moyen Orient sont porteuses de difficultés de plus en plus importantes à mesure que les années passent et de rivalités croissantes entre puissances. Et pour des choses que chacune de ces puissances estime vitales ! De fait, pour de nombreuses années encore hélas, les hydrocarbures sont une nécessité pour faire fonctionner nos économies ! Une rupture ou une simple insuffisance durable d’approvisionnement serait catastrophique pour chacun d’entre nous. La paix civile serait évidemment menacée partout !

Mais selon toi que pourrait faire un président français, que devrait-il faire ? Présidente en 2012, SégolèneRoyal ne va ni trouver des champs de pétrole dans son Poitou- Charentes chéri, ni assurer une entente fraternelle entre les dirigeants chinois, le président des E-U et les producteurs de pétrole, ni permettre aux scientifiques et techniciens de mettre à notre disposition, rapidement des énergie de substitution ! Alors où veux-tu en venir j’avoue que je ne te comprends pas et permets-moi, même, de douter du sérieux de ton discours !

Tout le monde sait, en effet qu’il y a crise de l’offre de pétrole et de gaz, qu’il faut les économiser, en réduire la consommation, chercher à substituer d’autres énergies déjà disponibles et isoler nos maisons ; Les constructeurs automobiles eux-mêmes cherchent et vont bien finir par trouver des véhicules qui marchent à l’électricité ! Mais de là à affoler les populations !

Henricles.

Pardon, il ne s’agit ni d’affoler quiconque ni de noircir le tableau !

Il faut seulement faire l’effort de regarder ce qui se passe chez nous depuis le début de l’année à cause de l’augmentation des prix pétroliers !

Manifestation des pêcheurs, des routiers. Profond mécontentement des classes modestes et moyennes qui voient leur pouvoir d’achat fondre avec la croissance du prix du pétrole Alors qu’ils réclamaient, du nouveau pouvoir élu en 2007, des augmentations de revenu !

Si, comme c’est probable, le pétrole continue à augmenter, le mécontentement réel pourra dégénérer en troubles sociaux plus importants… Et attention il n’y a pas que cela. Il y a les autres facteurs de crise dont je n’ai pas encore parlé !

Quant au prochain président français et à madame Ségolène Royal, si c’est elle, nous en parlerons tout à l’heure lorsque nous en aurons fini ave l’observation des menaces sur la paix et la prospérité

Ah ! Parce que tu vas encore nous trouver des raisons d’inquiétude ? Quoi ? L’immigration ?, la violence des banlieues ? Les fermetures d’usines ? Les délocalisations ? Le chômage des jeunes ? Et puis quoi encore ? Pauvre Sarkozy, pauvre Ségolène, ils sont fous de chercher et obtenir ces responsabilités ! Dans une telle situation !

Henricles

Tu ne croyais pas si bien dire.

Non, je ne vais pas spécialement parler de l’immigration. L’immigration massive en provenance des pays pauvres est surtout grave pour les immigrés, pour les habitants de ces pays poussés à s’arracher à leur pays, à leurs familles pour trouver de quoi vivre, et dans des conditions de transport, puis d’intégration et de travail le plus souvent très très dures ! L’immigration, c’est d’abord le malheur des populations contraintes à immigrer il faut le rappeler tout de même. Pour les pays d’accueil, tant qu’elle est plus ou moins maîtrisée, tant qu’il n’y a pas afflux massif et irrésistible, l’immigration est d’abord une chance et ensuite seulement un problème d’accueil et d’intégration dans des pays en déclin démographique grave !

Non ! Je veux parler d’une autre conséquence bien connue de la mondialisation, de plus en plus insupportable, inacceptable, qui est la montée des inégalités de toutes sortes et la précarisation, la fragilisation de beaucoup de nos concitoyens ici, en Europe pour ne pas parler des pauvres des pays les plus pauvres !

Tiens ! Je ne savais pas que tu étais devenu un de ces altermondialistes extrémistes qui pourfendent à longueur de discours ou d’articles la mondialisation néolibérale qu’ils appellent d’ailleurs ultra-libérale ! Parce que, excuse-moi, ce que tu viens de dire est ce qu’ils racontent depuis longtemps. Tu n’as qu’à lire le Monde Diplomatique ou les propos des gens d’Attac ! Ou les diatribes de José Bové !

Henricles.

Loin de moi. Il est certain que parmi les analyses des altermondialistes, il y a beaucoup de choses exactes et intéressantes. Mais en même temps ce qui est ennuyeux chez eux, est qu’ils ne reconnaissent pas l’évidence suivante : la mondialisation et la généralisation de l’économie de marché, disons l’économie capitaliste si tu veux, à l’ensemble de la planète, à quelques exceptions près, depuis la chute du mur de Berlin, ont permis à des centaines de millions de gens, je dis bien de millions de gens, dans des pays dits sous-développés ou pays du Sud auxquels on va ajouter des pays de l’Europe de l’Est, a permis donc de sortir de la misère noire !

Meilleure alimentation quotidienne, fin de la malnutrition, meilleure hygiène, perspective de croissance du niveau de vie. Baisse drastique de la mortalité infantile, augmentation du nombre des alphabétisés, meilleurs logements etc. En Chine, en Inde, en Thaïlande, en Malaisie, en Turquie, et dans d’autres pays c’est par millions que des gens ont vu la fin de cette calamité de la misère qui semblait une fatalité !

Mais le problème est la difficulté des gens à saisir la complexité de ce qui se passe lorsqu’on a affaire aux grands nombres.

Comment ça les grands nombres ?

Henricles

Bien sûr ! Prenons l’exemple de la Chine. Les statisticiens américains estiment la population chinoise en juillet 2008 à 1 milliard 330 millions de personnes. Et les Chinois officiellement reconnaissent que plus de 57 millions de ruraux vivent avec moins de 125 $ de revenu…annuel et 21,5 millions avec moins de 90 $ ! C’est effrayant ! Et il est évident que celui qui chausse des lunettes systématiquement noires, celui qui cherche à prouver que la mondialisation et le capitalisme n’apportent que des malheurs, n’aura pas de peine à trouver en Chine des milliers d’exemples de misère noire insupportable, d’exploitation éhontée d’enfants dans des usines et ateliers, pour te prouver que décidément les multinationales américaines et occidentales n’ont apporté aux Chinois, avec la complicité de leur gouvernement, que conditions de travail esclavagistes et stress au travail à la chaîne !

Ce sont les grands nombres ! Comme si le développement extrêmement rapide de la Chine depuis quelques années grâce, notamment, aux investissements massifs d’entreprises occidentales et japonaises, n’avait pas aussi sorti de la misère, je dis bien sorti, au moins quelques 400 millions de Chinois ! Mais, c’est vrai, il y a 1 milliard de Chinois pauvres loin encore de la prospérité. Au moins sont-ils sortis de l’angoisse de la nourriture quotidienne et ont-ils la plupart, leur bol de riz quotidien ! Le développement d’un pays plongé dans la misère par des décennies d’impéritie et de troubles civils provoqués par un régime abominable, prend du temps : Rome ne s’est pas faite en un jour, ni même en une année ! Et il faudra des décennies de développement sans trouble civil grave qui l’interrompe, pour que les Chinois connaissent en majorité le type de prospérité que nous connaissons chez nous !

Et pour cela, d’ailleurs, ils ont besoin de puiser sans limite dans des ressources naturelles de plus en plus rares où nous puisons nous aussi ! C’est un autre sujet d’inquiétude !

Ah ! Nous étions bien tranquilles lorsque les pauvres restaient pauvres ! On leur faisait la charité (aide aux pays sous-développés !), on réfléchissait sur le meilleur moyen de les aider à se développer ! On établissait théorie après théorie sur les voies et moyens du développement, théories qu’on enseignait dans nos instituts ou universités d’économie, qu’on enseigne peut-être toujours, on pleurait sur les photos d’enfants au ventre ballonné (A propos de l’Afrique ou de tel ou tel pays d’Amérique latine ou d’Asie du sud, d’ailleurs, tout cela continue de plus bel !). Et voilà que lorsque certains de ces pays, et très rapidement, se développent et nous taillent des croupières (nous allons y revenir !) chez nous, les riches, certains le nient, ou quasi, parce que ce développement n’est pas le résultat de l’aide ni de je ne sais quel socialisme anticapitaliste, de je ne sais quelle lutte contre l’impérialisme américain ou contre ces nouvelles Forces du Mal que seraient les multinationales, mais tout simplement le résultat de l’effort exceptionnel de peuples libérés de carcans imbéciles et qui se lancent à fond dans une économie de liberté et de concurrence, non, bien sûr, sans que soient laissés sur le bord ceux des citoyens qui pour diverses raisons ratent le train du développement ou n’ont pu encore y monter ! Mais, avec le temps, la majorité y montera !

Dur, trop dur, pour ceux de chez nous qui restent convaincus que le capitalisme multinational est le Mal absolu, de reconnaître que le monstre tant exécré favorise malgré tout, l’accouchement de sociétés en développement rapide, en marche vers une certaine prospérité !

Et il y a tous les autres qui ont peur, qui râlent, qui voient leurs emplois industriels fondre, leurs usines fermer, les ateliers de Chine ou de Tunisie, de Roumanie ou de Pologne, produire et nous vendre ce qu’avant nous produisions chez nous, qui voient que le développement de certains pays se fait à coup de délocalisations et que chez nous face à cette concurrence nouvelle, les salaires stagnent sinon disparaissent, les contrats sont de plus en plus souvent précaires, les impôts augmentent tout de même et le prix des logements et le prix de l’essence ou du gaz pour se chauffer ou aller au boulot lorsqu’on en a, et les remboursements de la sécu qui diminuent, et les médecins qui prennent de plus en plus de dépassements, et les cotisations des mutuelles qui augmentent, et il faudra travailler plus longtemps avant de prendre une retraite, quand ? A 65 ans, 67 ans, au train où ça va c’est possible !

C’est ça la mondialisation ? Et l’Europe alors, à quoi sert-elle ? Elle ne nous protège plus de rien et à 27 elle est incapable de décider quelque chose de sérieux ! Oui, il y a la bureaucratie bruxelloise qui permet au gouvernement de s’abriter derrière Bruxelles pour se dédouaner de ce qui ne nous plaît pas !

Et il y a tous ces gens riches qui semblent passer à côté de nos difficultés, ne pas être concernés ! A eux les grosses voitures, les voyages aux Antilles ou les expéditions en 4*4 au Sahara ou en Patagonie, à eux les semaines de ski, les clubs de vacances, les téléphones portables dernier cri, les vêtements de bonne facture et les appartements et villas de 250 ou 300 m², à eux, les soirées au théâtre et les bateaux de plaisance, à eux les week ends à Londres avec Eurostar et les croisières sur le Danube !

A eux le bouclier fiscal !

C’est la meilleure trouvaille ! Sacré Sarko ! Les pauvres riches, ils sont tellement riches que certains, avec leurs appartements à Megève, leur villa sur la côte , leur appartement qu’ils habitent dans le VIII° ou le XVI°, plus ceux qu’ils louent, pour augmenter leur revenus, tellement riches, que si vous ajoutiez les impôts fonciers, les taxes d’habitations qu’ils devaient payer pour tous ces logements, les pauvres, ils en arrivaient à payer des sommes énormes d’impôts, des sommes telles que l’État leur prenait, plus de 50 % de leur revenus ! De leurs revenus ? Enfin, de leurs revenus déclarés et imposables, ce qui ne veut pas dire tous leurs revenus, tant les conseillers fiscaux sont habiles à trouver des réductions ou exemptions ! Pauvres gens, avoir tant de richesses et être obligés d’en laisser à l’État ! Tout ça pour payer des fonctionnaires bureaucrates parasitaires et du RMI à une bande de profiteurs et de fainéants !

Merveilleux bouclier fiscal : l’État les rembourse, oui, les rembourse si leurs impôts sont trop élevés.

Moi, si j’étais un riche, j’achèterais toujours plus d’appartements sachant que je n’aurai ainsi quasiment jamais d’impôt foncier à payer ! Merci monsieur le Président ! Nous les riches, nous vous remercions d’autant plus que vous n’avez pas supprimé les niches fiscales que mon conseiller privé me trouve chaque année au moment de ma déclaration de revenus ! Il m’a déjà expliqué que je ne payerai plus la taxe d’habitation de mon garage à Paris ni celle de mes garages à Cannes ! Enfin que je les payerai mais que l’État me les remboursera ! Ouf !

Pauvres crétins de contribuables lambdas qui payez vos impôts comme tout le monde, qui n’avez pas les moyens de conseiller fisscal privé et vous contentez du numéro spécial de la Vie Ouvrière ou des pages de votre quotidien favori au moment de votre déclaration de revenu ! Pauvre petit Français moyen de la classe moyenne, avec ta femme qui travaille, vous arrivez tous les deux à un salaire mensuel de 3600 €, ce qui n’est pas déjà si mal par rapport à tant d’aures moins bien lotis, 2200 € pour toi qui n’en es pas mécontent et 1400 € pour elle qui n’a pas de qualification suffisante ! C’est déjà mieux que tous ceux qui doivent se contenter de petits revenus autour de 1000 € ou 1200 € mensuels ! Vous payez la maison à crédit et aussi votre télé que vous avez achetée à écran plat au moment de la Coupe du monde ! Et il reste quelques traites de la Mégane d’occasion diesel achetée il y a 2 ans et demi. Pauvre crétin : tu payes ta taxe d’habitation, ton impôt foncier, ta redevance télé, ton impôt sur le revenu et comme ton impôt n’atteint tout de même pas 1800 € par mois, même avec la taxe d’habitation du garage que tu loues, si, par hasard, tu hérites d’un vieil appartement en ville de tes parents ou beaux parents, tu devras le rénover avant de le louer et tu payeras bien sûr et la taxe d’habitation et l’impôt foncier ! Toi, tu la payeras puisque tu n’es pas riche !

Tandis que le riche, lui, plus il achète de biens immobiliers, grâce au Président Sarkozy, moins il paye d’impôt en proportion de ses biens !

Et en plus maintenant, on nous licencie, on ferme nos usines, on n’embauche plus nos enfants, on veut nous faire travailler toujours plus et cela n’empêche pas ces sal… de patrons de gagner des sommes pharamineuses alors même qu’ils nous refusent la moindre augmentation au nom de la compétitivité et qu’ils nous menacent d’aller installer leurs usines en Roumanie ou au Vietnam.

A Suivre...

[1] Voir entre autres : J. Attali une brève histoire de l’avenir. Livre de Poche 2008.

Patrick Artus et M.P. Viard Globalisation. Le pire est à venir. La Découverte. Paris 2008-07-05

Mêmes auteurs : Comment nous avons ruiné nos enfants. La Découverte. Paris 2006

Marcel Gauchet. La condition politique Gallimard. Paris 2005

Paul Krugman. The conscience of a liberal. Norton. New-York. 2007