Quelques jours en Lotharingie… Première partie Lotharingie ? Oui, nous fûmes dans...

Quelques jours en Lotharingie…

Première partie

Lotharingie ? Oui, nous fûmes dans cette partie de l’ancien royaume de Lothaire que le duc de Hainaut, Gilbert, intégra au royaume de Germanie aux débuts du X° siècle.

Ensuite à partir de la fin du X°, le royaume se divisa en Haute-Lotharingie et Basse-Lotharingie.

La Haute-Lotharingie devint notre Lorraine. Et c’est bien en Lorraine que nous avons passé quelques jours chez nos frère et belle-sœur, Yves et Silvie.

C’est en Moselle, cette partie de la Lorraine qui n’a cessé d’être annexée, revendiquée, disputée entre France et Allemagne. Cette Lorraine mosellane est certes française, ses habitants se sentent et sont pleinement citoyens français au moins autant que ceux de Bretagne ou de Provence. Mais cela n’empêche qu’elle soit fortement marquée par l’empreinte allemande plus ancienne encore que depuis  les années d’occupation des XIX° et XX° siècles : Au moyen-âge et jusqu’au XIX°, le rattachement à la France n’était pas acquis et la Moselle demeurait, était, comme un morceau de la vielle Lotharingie très « germanisée » ! Petites mesquineries locales : les Mosellans sont parfois moqués par les habitants du département voisin de Meurthe et Moselle, savez-vous pourquoi ? Ce département dont le chef-lieu est Nancy, étroit, allongé du nord au sud, correspond à des terres qui n’ont pas été occupées par les Allemands. En effet, le département de Meurthe et Moselle a été créé le 7 septembre 1871 à partir des territoires laissés à la France par les Allemands et qui restèrent français aussi, en 1940. Alors les habitants de ce département  traitent parfois de « boches » ou de « casques à pointe », les Mosellans,  habitants de cette Moselle qui fut allemande de 1871 à 1918 et à nouveau de 1940 à 1944 !

Ici, près de Thionville et Hayange, on travaille souvent au Luxembourg où les salaires sont plus intéressants et on va très facilement visiter les petites villes ou gros villages des voisins allemands. Aller en Allemagne, c’est traverser les beaux paysages de la vallée de la Sarre, admirer les coteaux de vignobles et se promener dans des villes ou villages à belle architecture. Cette année nous avons  visité Saarburgh, à environ 80 kilomètres de Neufchef où habite Yves. C’est une jolie petite ville, au bord de la Sarre. Nous y avons déjeuné et Silvie qui connaît un peu l’allemand nous a aidés à comprendre à peu près ce qu’on nous proposait. En fait, si près de la frontière française, certains habitants comprennent notre langue et même, une très mignonne « mädchen » (jeune fille)  nous a guidés, en français, pour aller vers un restaurant. Et l’Allemagne,  c’est la porte à côté. Pour le retour, à cause de travaux de voirie, le chemin le plus simple passait par le Luxembourg !

Bref nous étions en Lorraine. Chez nous ! Chez nous ? En effet, depuis plus de trente ans que nous allons chez Yves, puis chez Yves et Silvie, nous finissons par y être un peu chez nous malgré les six-cents kilomètres de voiture à parcourir. Leur hospitalité nous y autorise et c’est agréable.

Seulement nous étions en Lotharingie… enfin, en  Lorraine. Donc  pas vraiment chez nous. Ici ce morceau de France est tellement marqué par la Germanité que venus de la France du sud de la Loire, de la France méridionale, on est dépaysé, on se sent dans des lieux qui ne sont pas nôtres : les noms de villages, des rivières, des monuments,  sont souvent à consonance allemande et on a de la peine à les retenir sinon même les lire ou prononcer. Voici quelques noms de villes de Moselle : Fameck, Distroff, Metzervisse, Sierk, Creutzwald et tant d’autres ! Les paysages portent encore les marques de cette industrie métallurgique, sidérurgique qui a fait la richesse de la région ; il en reste surtout quelques énormes ruines de ferrailles rouillées, hauts fourneaux désaffectés qu’on va démonter ou qu’on garde pour les visites du patrimoine et par respect de la mémoire de tous ceux, patrons, ingénieurs techniciens, employés et ouvriers surtout, les plus nombreux, qui ont été à l’origine de l’essor aux XIX° et XX° siècles. Neufchef est tout près de la ville d’Hayange où dès le XVIII° est née la sidérurgie lorraine. Aujourd’hui il y reste encore une grande usine métallurgique d’où sortent les plus longs rails de chemin de fer d’Europe. L’acier pour les fabriquer vient probablement de l’ancienne Usinor, aujourd’hui Arcelor-Mittal à Dunkerque.

A suivre

Henricles A Silhac le 22 septembre 2022