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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Le 11 novembre jusqu'à quand ?

Le 11 novembre : jusqu’à quand ?

 

Il y a d’abord le grand roman national que notre président actuel, comme bien d’autres, exalte avec gourmandise.

De Charlemagne à Bouvines, du « bon roi » Henri IV au Grand Roi de Versailles, du 14 juillet 1789 à la bataille de Valmy, de Napoléon aux Trois Glorieuses de 1830, à la Grande Guerre et à l’appel du 18 Juin, on traverse ainsi les siècles de la « France éternelle ». Selon les époques c’est la Grande Nation ou la Patrie de Droits de l’Homme

Le grand roman national, avec le drapeau tricolore, le 14 Juillet et la Marseillaise, nous rassemble, nous Français, en majorité, même si une partie d’entre les citoyens (Combien ? 10% 25 % ? Je ne sais)  n’y sont pas sensibles ou même ne se sentent pas concernés.

Et le 11 novembre a une place à part.

Plus d’un million de « morts pour la France » et chaque commune a voulu avoir son « monument aux morts » pour rappeler le sacrifice de ses concitoyens qui à l’image des centaines de milliers d’autres « ont donné leur sang » pour la Victoire ! Et chaque année dans la plupart des communes, ce jour-là, on dépose une gerbe au pied du monument aux Morts et on se recueille en souvenir et hommage. A Silhac, ma petite commune, comme ailleurs !

A côté de ce roman, il y a l’Histoire. Il y a l’Histoire que les historiens ont écrite et réécrivent toujours parce qu’ils l’enrichissent de découvertes, de réflexions nouvelles, de témoignages inédits. Et cette histoire de la guerre de 14 /18 racontée par les historiens, diffère grandement de notre grand récit patriotique.

Parmi les « soldats » qui se seraient « sacrifiés » pour la France, il y avait ces « Indigènes » contraints par le pouvoir colonial français à venir « donner leur sang » ! 270 000 Nord -Africains, 189 000 Africains d’Afrique occidentale française et d’Afrique équatoriale française, 49 000 Indochinois, 41 000 Malgaches. (Source. B. Cabannes. Dans Histoire mondiale de la France.de Patrick Boucheron. Page 573 / 576). Ils sont morts dans les mêmes proportions que les citoyens français On a même recruté des Kanaks de cette Nouvelle Calédonie du bout du monde ;  Ils auraient « donné » leur sang pour la France ? Lisons plutôt ci-dessous cet extrait de poème d’un soldat Kanak.

« Vous nous avez contraints

Et poussés à partir.

Jetés à la mer,

Nous avons dérivé à l’aveuglette

………….

Et que de maux

Avons-nous endurés !

Nous nous sommes couchés à terre

Car s’abattait sur nous

La mitraille de Guillaume

…………

Reste maintenant la honte.

Je me sens  lâche, aujourd’hui,

Car j’ai abandonné

Mes pères et mes grands-pères…

(Extrait d’un chant écrit par d’anciens combattants kanaks. Source. Alban Bensa. 1917 dans  P. Boucheron. Histoire mondiale de la France. Page 579)

Et les soldats français ? Ils étaient des centaines de milliers, surtout paysans  à cette époque, et ils ont été envoyés à la boucherie par des généraux d’État-Major peu soucieux de la vie des hommes. Chair à canon qu’on oblige à sortir de la tranchée et à se trouver soudain sous le feu nourri des mitrailleuses et fusils de « l’ennemi », à quelques dizaines de mètres seulement. Et quand vingt ou trente sortent de la boue pour partir à l’assaut, aussitôt huit ou dix sont fauchés et retombent morts ou blessés et le sous-officier interdit aux autres de renoncer, ils doivent tous repartir à l’assaut… « Morts pour la France » on dira plus tard !

Et il est arrivé que quelques-uns de ces malheureux, promis au carnage, voient en face, à quelques mètres, d’autres pauvres bougres comme eux, les « ennemis » ! Et une fois ou l’autre, des pauvres bougres français, las d’une guerre qui n’en finissait pas, épuisés par l’enfer qu’on leur faisait vivre entrèrent en contact avec des pauvres bougres allemands, « ennemis » et se rendirent compte qu’ils n’avaient pas de haine contre eux mais qu’ils partageaient tous, Allemands ou Français la haine de cette guerre et de l’enfer que les États-majors leur faisaient subir ! Ils ont fraternisé ! Crime des crimes, fraterniser avec ceux qu’ils devaient maudire et tuer ! En France, ils ont été  condamnés à mort par les tribunaux militaires et exécutés pour haute trahison !

« Aimez-vous les uns, les autres » et vous serez…crucifiés, enfin… fusillés !

Le 11 novembre on célèbre la Victoire, quelle Victoire ? Cette guerre de  14 / 18 fut d’abord et surtout le premier grand massacre du XX° siècle, et le sentiment que nous devrions tous éprouver est la honte ! Oui, honte d’avoir, Français de cette époque, autant que les Allemands, décidé du début d’une guerre vite étendue au monde entier ! Des millions et millions de morts de jeunes et de mutilés et de malades des horreurs subies, comme ce n’était jamais arrivé dans l’Histoire à une telle échelle ! Vive la France ! Vive l’Allemagne !

Quelle Victoire ? Une France tellement affaiblie démographiquement que, déjà, pour remplacer les ouvriers mobilisés par la guerre, on avait « importé » une main-d’œuvre des colonies, et ce furent 78 000 Algériens, 49 000 Indochinois, 35 000 Marocains et Tunisiens, qu’on fit venir pour travailler dans nos  usines plus 140 000 Chinois, oui, Chinois, la plupart morts de la grippe espagnole ! (source. Opus cité page 575)

La France, vidée de son sang, sort de cette guerre beaucoup plus atteinte que l’Allemagne. La plus grande partie des combats ont eu lieu sur notre sol alors que le territoire allemand a été épargné. Et en France ce sont des milliers d’hectares rendus impropres à la culture, des milliers de logements, ateliers, usines routes, mis hors d’usage !

 Ivres de la « victoire », les gouvernements français et britannique imposent aux Allemands des conditions de paix à la fois humiliantes, injustes  et ruineuses.

La France sort de cette guerre, épuisée, et dans l’illusion qu’elle a la meilleure armée du monde. Une France orgueilleuse qui ne sait pas que de cette guerre sort une Allemagne, certes vaincue, mais plus puissante que la France et une Allemagne humiliée qui voudra bientôt effacer cette humiliation !

La célébration du 11 Novembre, jusqu’à quand ? Les combattants sont tous morts, Français, Allemands, Britanniques, Belges et autres.

Depuis ce premier carnage organisé par les hommes contre d’autres hommes, il y en a eu bien d’autres.

 Il y a eu aussi la paix, la réconciliation ! On n’exécute plus ni en Allemagne ni en France pour crime de fraternisation ! Les fusillés de 1917 étaient-ils des prophètes ? Et si au lieu de célébrer l’illusoire Victoire de ce grand massacre, on célébrait enfin autre chose ? On supprimerait le jour férié du 11 novembre et le remplacerait par le 9 novembre. Pourquoi ? C’est l’anniversaire de la mort du Général De Gaulle cet homme qui a joué un grand rôle en France dans l’Histoire du XX° siècle. Il symbolise à la fois la Résistance à la défaite, la naissance de la V° République et la réconciliation avec l’Allemagne grâce au traité franco-allemand signé avec le chancelier Adenauer à l’Elysée le 22 janvier 1963 !

Avec De Gaulle, on célèbrerait certes un soldat, un soldat qui a exalté l’amour de la France, les vertus de Résistance contre les défaitismes et aussi un soldat qui a su ensuite faire œuvre de paix et de fraternisation !

Henricles.  A Silhac le 11novembre 2020

 

 

 

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S
Très beau texte, cher Henri. Vos paroles font écho à celles de mon père et de mon grand-père <br /> qui ont détesté cette guerre, et admiré de Gaulle.<br /> Amicalement.
Répondre
H
Merci Marie-Françoise que je suis heureux de regtrouver !