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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Et demain ? Que nous dit l'Histoire ? I

Première partie

                        

Introduction

 

C’est certain, la plupart en conviennent, sauf quelques irréductibles qui ne veulent pas le voir parce que cela dérangerait trop leurs intérêts, parmi eux les deux sinistres individus que les Américains et Brésiliens ont porté au pouvoir suprême : notre mode de développement occidental répandu sur toute la planète a peu à peu épuisé ce que je ne crains pas de nommer son « génie propre ». Aujourd’hui il n’est plus soutenable à moyen et long terme ! Le paradigme de la croissance économique d’origine industrielle nourrie aux énergies fossiles doit être remis en question. Notre système économique produit globalement, à l’échelle de la biosphère – « la planète » dit-on - plus de méfaits que de bienfaits. En termes d’économistes on dira que les externalités négatives du système sont supérieures aux utilités supplémentaires produites (biens et services) !

Nuisances diverses, embouteillages de routes et paralysie du trafic en ville et autour des agglomérations, pollutions de l’air, des terres, des eaux, épuisement plus ou moins proche, c’est selon, des ressources naturelles, réchauffement climatique inquiétant, production massive d’aliments et boissons qui abîment la santé et entraînent à la fois obésité et diabète, montagnes de déchets qui s’accumulent, outre les déchets nucléaires hyper dangereux, pour certains, pendant des siècles et des siècles ! Consommation devenue massive de drogues, atrophie périlleuse de la biodiversité ! (Lire « Le Monde » du 18 04 2020. Page 27. J.F. Guégan. Directeur de recherche à l’Inrae. « Les changements nécessaires sont civilisationnels. ») 

 Cette affirmation, globalement exacte si on sait regarder au-delà de la frontière de notre Europe et de notre génération et qu’on réfléchit à l’échelle de l’œkoumène et des décennies à venir, ne se vérifie pas encore pour nombre d’êtres humains : d’abord, pour les centaines de millions qui continuent à espérer échapper à la vie quotidienne misérable qui est la leur en Afrique, en Inde ou ailleurs. Et pour les privilégiés qui réussissent à accaparer suffisamment de la part des richesses produites  pour se prémunir des pires nuisances. Ceux-là, à court terme, sont les gagnants et comptent bien que leur richesse se perpétue, augmente même ! A ces deux catégories il nous faut ajouter, hélas, tous ceux qui sont trompés par une publicité envahissante et leurs propres aspirations et croient que si leur niveau de vie monétaire augmente beaucoup, ils pourront, comme les riches qu’ils observent avec envie, mieux profiter de la « vraie vie » !

Tout cela explique que la nécessaire remise en question de notre mode de développement soit et sera très difficile à mettre en œuvre ! Elle est pourtant urgente !

 

Alors, on ne compte plus les essayistes, anthropologues, experts divers, philosophes qui nous avertissent que la catastrophe actuelle que nous vivons à l’échelle de la planète n’est qu’une parmi les nombreuses autres, sanitaires (pandémies), économiques, sociales, techniques qui ne vont pas manquer de se succéder. Certains nous annoncent pour bientôt, la fin de notre espèce humaine. Curieusement vous remarquerez que parmi ces lanceurs d’alerte ou « prophètes de malheur » il n’y a quasiment pas d’historiens. Ceux-ci se détourneraient-ils de toute réflexion sur le futur, habitués à toujours regarder en arrière ?

Un long détour par l’histoire nous orientera-t-il vers une autre réponse à cette interrogation ? Et nous permettra-t-il   surtout de mieux « penser » notre futur ?

 

 

Le mode de développement occidental s’est répandu mondialement

 

Exploiter les ressources de la nature grâce à notre force physique, notre ingéniosité, notre  curiosité, notre soif de comprendre, notre esprit d’entreprise, notre audace et notre courage pour affronter les risques, notre appât du gain, notre volonté de puissance, notre soif de domination, notre absence de scrupules, notre recherche de progrès, de richesse pour nous et les nôtres, la conscience que nous étions supérieurs, aussi bien à tous les êtres vivants mais aussi aux autres exemplaires de l’espèce humaine, aux autres « races »  : voilà quels furent les principaux moteurs qui nous conduisirent à peu à peu faire naître ce monde que nous Européens et à notre suite les Américains, avons façonné et qui s’est, de fait, imposé quasiment partout ou est en passe de l’être.

Les découvertes scientifiques et techniques, celles des Européens ou celles qu’ils ont empruntées à d’autres peuples, ont été consacrées à la mise en valeur systématique et pour notre seule espèce humaine, des ressources présentes dans la biosphère, – et cela a permis de produire des richesses considérables, de trouver les voies et moyens d’une exceptionnelle hausse du niveau de vie des Européens puis des Américains et de bien d’autres. Océans, Sols, sous-sols, minéraux, végétaux, animaux chassés, pêchés ou domestiqués, êtres humains réduits en esclavage, tout était bon aux yeux de ces hommes rapidement devenus conquérants puis colonisateurs, persuadés que Dieu avait créé le monde pour le mettre à leur service et que les peuples rencontrés devaient se soumettre à eux et à la Foi qu’ils étaient en charge de répandre ! Cette formidable aventure humaine s’est ainsi accompagnée de la découverte puis de la conquête progressive des continents et océans, et de la domination brutale, violente, par le fer et le sang, des territoires que les Européens avaient arpentés et des peuples qu’ils avaient rencontrés. Ces conquérants étaient quasi tous des « mâles ». Ces hommes mâles d’ailleurs, pas seulement en Europe mais partout, depuis des siècles et des siècles, à quelques rares exceptions près ici ou là, avaient imposé leur domination sur la moitié féminine de l’espèce humaine. Femmes soumises, femmes déconsidérées, femmes réduites aux fonctions que les hommes voulaient leur voir remplir, femmes reproductrices, femmes épousées, parfois de force, enlevées, violées, prostituées, femmes protégées, respectées aimées sincèrement aussi mais toujours mineures ! Les hommes ont inventé des justifications religieuses à cette domination imposée. Et aujourd’hui, dans une majorité de pays du monde, les femmes demeurent assujetties : leur combat pour l’égalité est loin d’être gagné, même dans nos contrées où leur sort est tout de même meilleur qu’ailleurs.

A partir du XV° siècle et des aventures océaniques des Portugais bientôt suivis par les Espagnols, puis Néerlandais, Britanniques, Français, Belges, Italiens, tardivement Allemands, l’Europe occidentale entame ce qu’on peut appeler la première mondialisation. En cinq siècles les Européens installent leur domination sur un monde qu’ils se partagent et exploitent à leur service : mines, plantations, chasse, pêche, villes et réseaux routiers, ces immenses espaces et leurs richesses  leur paraissent infinis. Ils éliminent par la guerre et les maladies qu’ils apportent, la majorité des peuples amérindiens et  importent en masse des millions d’Africains esclaves. En Asie, au XIX° et au XX°, ils s’affrontent entre eux et avec les Japonais pour occuper des morceaux de la Chine et conquérir de nombreux territoires.

Dès le néolithique, à partir de 8000 avant notre ère, avec les débuts de l’élevage, de l’agriculture et la sédentarisation, les hommes avaient modifié les écosystèmes et commencé à porter atteinte à la biodiversité, c’est certain. Les Européens n’ont fait que continuer ce que les peuples qui les avaient précédés ou qui vivaient sous d’autres cieux, avaient pratiqué comme eux. Certaines des populations que les Européens ont en partie détruites, soumises et acculturées, en Amérique, Afrique ou Asie, avaient parfois un autre rapport que le nôtre, à la nature. Mais leurs « civilisations » ont disparu ou ne demeurent que comme reliques.

Cela dit avec le formidable développement du modèle occidental, à partir du XV°, les atteintes aux écosystèmes et à la biodiversité se sont amplifiées. Déjà en Europe, à partir des XII° et XIII° siècles, les grands défrichements avaient opéré une première déforestation et bouleversé l’écosystème de ces régions. Cette déforestation qui laissait place à l’agriculture et l’élevage a atteint en Europe occidentale son maximum autour du milieu du XIX°. 

 Seulement du XV° au XX° c’est à peine visible : les hommes sont encore peu nombreux et les espaces qu’ils exploitent semblent infinis. L’idée même d’un épuisement possible des ressources diverses ne les effleure pas. Seuls quelques rares visionnaires comme le géographe Elisée Reclus (1830 / 1905) comprennent le danger.

Au début du XIX°, les immensités des Amériques, de l’Afrique, de l’Asie, des grandes plaines et plateaux de l’Europe jusqu’à l’Oural, prolongées par les espaces sibériens, sont encore des eldorados qu’on pense pouvoir exploiter sans fin !

Cette expansion a permis dans bien des pays, peu à peu, de vaincre la faim, le froid, la mortalité précoce des enfants et de leurs parents, d’améliorer considérablement le sort de la majorité des Européens et ensuite des Américains. La production croissante de richesses a autorisé à développer des institutions de santé et d’instruction, des moyens de transport  qui transformèrent la vie des gens. Et en Asie, Afrique, Amérique centrale et méridionale, Océanie, de larges minorités parmi les peuples dominés, ont pu bénéficier elles aussi des progrès divers.

Mais attention ! La  vie des hommes avait toujours été jalonnée de catastrophes diverses parfois terribles. Les guerres entre les puissants ravageaient les cultures, étaient l’occasion de pillages, viols, accaparement de biens : le passage de la soldatesque était calamiteux.

Les échanges commerciaux à travers les mers et océans amenèrent plus d’une fois des épidémies abominables : la Peste noire tua au XIV° la moitié de la population de l’Europe et ravagea aussi les pays méditerranéens du sud !

On peut dire qu’entre le XIV° et le XVIII°, la peste menaçait tous les 10 ou 20 ans. Ainsi la peste de 1720 qui tua environ 50 000 Marseillais, avait été précédée en 1650 d’une autre épidémie grave dans cette même ville. Tout homme de 25 ans a-t-on évalué a connu la peste au moins une  fois dans sa vie entre le XV° et le XVIII° !

Non ! Notre siècle XXI° n’a pas le privilège des catastrophes qui nous dévastent ou dévasteront ! C’est une première leçon de l’Histoire !

Il y a les guerres, les épidémies de peste, mais aussi le choléra, la tuberculose, la variole, la rage, le scorbut et d’autres qui font des ravages. Et les sécheresses, les maladies des végétaux qui détruisent les récoltes, qu’on ne sait ni prévenir ni guérir et ramènent avec elles la disette, voire la faim pour les plus faibles !

L’Histoire nous apprend que pendant ces siècles d’enrichissement de plus en plus important en Europe occidentale et ensuite ailleurs que les calamités, les malheurs, les différents types de misère furent les compagnons permanents de nos ancêtres. Ils vivaient dans la familiarité de la mort !

Au XIX° et au XX°, l’industrialisation massive à partir du charbon puis ensuite des hydrocarbures a profondément modifié l’environnement partout où s’est répandu le mode de développement industriel. Et l’explosion démographique du XX° siècle, justement permise par le recul de la mort précoce grâce à la croissance, a largement amplifié les dégâts que les hommes, dans leur frénésie de croissance industrielle, ont fait subir à la nature.

Ce ne fut pas le privilège du capitalisme : les quelques soixante-dix ans du Communisme soviétique ont été une période de graves atteintes à l’environnement dans les régions où s’était imposé l’impérialisme soviétique : les conséquences en sont encore là. Quant au Maoïsme et ses folies il a sévi en Chine pendant plus de vingt-cinq ans !

Le choc des nationalismes et des impérialismes a abouti au XX° siècle, aux millions de morts des deux guerres mondiales : la première tua environ 20 millions de gens. La deuxième, vingt ans après, approximativement, 60 millions ! Les progrès techniques des armements et la mobilisation massive de millions d’hommes multiplièrent au XX° siècle les victimes de ces guerres qui n’avaient pourtant jamais cessé auparavant ! Ainsi la guerre de sécession à la fin du XIX° aux États-Unis entraîna la mort d’environ 600 000 Américains et la guerre du Paraguay (Brésil, Argentine et Uruguay contre Paraguay de 1865 à 1870), première guerre d’extermination, des centaines de milliers de morts ! Le Stalinisme fut responsable, entre 1924 et 1953 de dizaines  de millions de victimes et le Maoïsme de beaucoup plus encore !

Après 1945, il y eut de nombreuses guerres, très meurtrières et en ce début de XXI° siècle, cela continue, en Afrique et au Moyen-Orient surtout.

Bref, En toute conscience, les hommes, par les guerres et les dictatures ont provoqué jusqu’à maintenant, de loin, les catastrophes les plus meurtrières. Plus qu’aucun virus : c’est la guerre de 14 / 18 qui répandit la pandémie de la grippe espagnole entre 1918 et 1920 !

C’est un premier et important enseignement de l’Histoire : les catastrophes comme conséquences de l’action des hommes directement ou indirectement ne sont pas une nouveauté ! Bien avant le capitalisme financier et le néolibéralisme, la vie de l’espèce humaine était rythmée par des épisodes tragiques dont la plupart étaient le résultat de son comportement !

Où l’on comprend que désigner, au choix, les « multinationales » ou les « néolibéraux » ou encore « le capitalisme » et la mondialisation comme responsables des catastrophes présentes et à venir est un simplisme réducteur. Que l’hyper capitalisme financier ait des responsabilités importantes dans les désordres du monde actuel est une évidence. Mais si on veut comprendre notre situation présente, il n’est pas sérieux de se servir du système capitaliste comme « bouc émissaire » de nos malheurs actuels et futurs ! Il faut chercher en-deça ou au-delà !

C’est l’objet de la suite. Merci de votre lecture.

Henricles. A Silhac. 25 04 2020

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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