8 Avril 2020
Complexité.
« …la condamnation de la classe politique est un acte dangereux pour la démocratie qu’il faut laisser aux partis populistes et démagogues »
Jean Tirole. (Prix Nobel d’Économie 2014).Économie du bien commun. Paris. PUF 2016 Page 208
Lorsque l’épidémie se déclare en Chine à Wuhan, personne n’en connaît l’origine, et les autorités politiques interdisent la diffusion des informations !
Une fois le virus identifié ils découvrirent que c’était un virus inconnu. Ils mirent du temps à comprendre d’où il venait et ne savaient pas combien il est contagieux ni comment le traiter.
Ils décidèrent le confinement de la population de Wuhan et peu à peu d’autres régions.
Lorsque le virus se manifeste violemment en Europe, surtout en Italie, personne parmi les scientifiques n’a de certitude ni sur ce qu’il faut faire, ni sur la rapidité de sa diffusion ni sur la meilleure façon de traiter les malades. PERSONNE. Par contre tout le monde voit et la rapidité de son expansion en Italie et sa dangerosité.
Les autorités politiques se trouvent donc devant une situation tout à fait nouvelle avec des scientifiques divers qui ont des avis divergents, parfois contradictoires, avis qui vont évoluer au fil du temps et donc changer !
Il est donc tout à fait normal de s’attendre et à des maladresses et à des changements de décisions à mesure que des informations nouvelles apparaissent !
Par ailleurs il est évident que les systèmes hospitaliers en Italie comme en Espagne ou en France, ne sont pas équipés pour accueillir soudain, en urgence, des milliers de malades dans des salles de réanimation aux installations très sophistiquées qui en temps ordinaire ne sont heureusement pas toujours toutes occupées.
Attention : même si les gouvernements successifs avaient mieux doté les hôpitaux, ils auraient créé plus de postes de divers personnels, ils auraient peut-être augmenté certaines rémunérations trop basses. Mais les hôpitaux avec un budget meilleur auraient-ils augmenté le nombre de pièces de réanimation avec leurs équipements ? Auraient-ils acheté en quantité masques et autres blouses protectrices alors que PERSONNE ne savait qu’un virus allait arriver de Chine ? Certainement pas !
Il est facile et injuste d’accuser les gouvernements des différents pays européens, de ne pas avoir les réserves de masques, instruments divers de protection et appareils respiratoires. La pénurie date de longtemps et on ne peut y remédier en quelques semaines ! Et de plus les scientifiques ne leur disaient pas avec assurance que porter des masques était nécessaire pour une grande partie de la population et pas seulement pour les personnels soignants !
Prendre l’exemple de Taïwan, la Corée et la Chine, est une grave erreur, signe d’une méconnaissance de la différence de civilisation entre ces pays asiatiques et l’Europe occidentale. Pour ce qui est de la Chine, de plus, il y sévit une dictature tellement opaque et policière qu’on ne peut imiter ses méthodes ! En Chine comme en Corée et à Taïwan, les citoyens sont soumis de longue date, à des disciplines collectives, à l’obéissance aux autorités et même à leur surveillance mutuelle. En conséquence, ce qu’il est possible d’imposer dans ces pays ne l’est absolument pas dans nos démocraties européennes.
Un gouvernement se trouve devant une situation complètement nouvelle sans certitude de la part des épidémiologues et autres médecins qui le conseillent. En période de vraie guerre, l’armée impose une discipline stricte et sévère à laquelle les citoyens sont soumis, de gré ou de force. Mais une épidémie n’est pas une vraie guerre et le pouvoir politique n’est pas le celui d’une armée !
Lorsqu’on est au gouvernement on décide à Paris pour des millions de citoyens des mesures telles que le confinement ou la commande de masques et leur livraison. Il est naïf et c’est le résultat de l’ignorance, de croire que depuis le bureau du premier ministre ou du président, les consignes vont être appliquées immédiatement et partout par les milliers de fonctionnaires et autres agents de tous les nombreux échelons qu’il y a entre le bureau d’un ministre et les milliers, les centaines de milliers de personnes et lieux concernés ! Le virus ne supprime pas d’un coup, dans les administrations comme ailleurs, les paresseux, les maladroits, incompétents, petits ou grands chefs bornés qu’il y a partout, qui freinent, dénaturent l’efficacité des milliers de personnes, majoritairement fiables et de qualité
Non ! S’il n’y a pas de masques ou de blouses dans tel service hospitalier, manque cruel, dangereux, ce n’est pas « la faute à Macron » ce n’est pas la faute non plus de Pedro Sanchez en Espagne ou de Giuseppe Conte en Italie !
Comme écrit ci-dessus, face à une crise brutale d’une telle nouveauté les gouvernants ne peuvent éviter les erreurs en cours de route : est-ce pour cela qu’il faudrait dresser les citoyens contre eux, qui tentent le mieux possible de trouver les meilleures solutions ?
Les gouvernements espagnols, portugais, néerlandais, italiens et français par exemple, sont dans l’ensemble des autorités qui respectent les principes démocratiques des pays européens. Ne les condamnons pas à la légère comme cela se produit !
Songez, amis lecteurs, qu’aujourd’hui, les quatre plus peuplés ou plus grands pays du monde, Etats-Unis, Chine, Inde et Russie auxquels il faut ajouter le Brésil, la Turquie, l’Iran, sont dirigés de fait par des régimes plus ou moins autoritaires, nationalistes, dangereux. Heureusement qu’aux États-Unis et au Brésil il y a des contre-pouvoirs divers qui empêchent Trump ou Bolsonaro de se comporter comme un Poutine ou un Modi en Inde.
Songez-donc que si vous continuez à attaquer en permanence les « politiques » et les accusaient sans cesse, vous préparez le terrain à l’arrivée chez nous des groupes antidémocratiques et liberticides de l’extrême-droite.
Vous avez raison de critiquer si elles sont avérées, les violences policières, vous avez raison de penser que Macron, Philippe et leurs ministres auraient pu éviter certaines erreurs, mais comme on l’écrivait ci-dessus, qui savait exactement ce qu’il fallait faire ? Qui sait aujourd’hui exactement quand et comment doit être prévu le déconfinement ? PERSONNE !
Dans la période actuelle, rejetons plus que jamais les théories complotistes ou les affirmations de ceux qui ne voient partout en Europe que des capitalistes au pouvoir, soupçonnés de toujours décider contre le peuple et les citoyens !
Et s’il vous plaît, le « tous pourris » ou « tous incapables » » au sujet des politiques est FAUX.
L’heure est à la sagesse non aux anathèmes contre des dirigeants qui tentent comme ils peuvent de juguler une épidémie qui peut frapper tout le monde, y compris n’importe quel capitaliste ! Ils ont besoin de nous, tout simplement pour réussir, réussir pour nous, pour vous et moi ! En France, en Italie, en Espagne, en Allemagne, au Portugal, au Royaume-Uni, partout en Europe et dans bien d’autres lieux !
Henricles. 08 04 2020