Migrants et démographie

Au risque de se répéter !

Rappelons que l’Afrique connaît une expansion démographique telle, que sa population va augmenter fortement encore longtemps. Certes dans la plupart des pays africains les femmes ont acquis à peu près la maîtrise de leur fécondité, l’indice synthétique de cette fécondité baisse ce qui implique à terme une baisse future ou au moins une moindre croissance de la natalité. En 1960 le nombre moyen d’enfants par femme en âge de procréer était de 6,7 ; il est passé en 2000 à 5,5 et atteint maintenant, 4,7. Mais les phénomènes démographiques connaissent une grande inertie et pendant encore longtemps la natalité restera forte tandis que la mortalité infantile a globalement et heureusement tendance à baisser et l’espérance de vie à augmenter! De plus dans quelques pays cette  fécondité n’a pas encore  baissé même si ce n’est qu’une question de temps pour que les femmes de ces pays-là réussissent enfin à la maîtriser.

Ainsi, on le sait, la population de l’Afrique qui est de 1,25 milliards d’habitants sera de plus de 2,5 milliards en 2050, soit dans 32 ans !

Il y a de nombreux pays d’Afrique où des progrès importants permettent d’espérer qu’ils sortent de la grande pauvreté et assurent à leurs habitants un futur meilleur que le présent ! C’est le cas de pays comme, par exemple, le Sénégal, la Côte-d’Ivoire et quelques autres. Il faut souhaiter que cela se confirme.

Mais hélas bien des régions d’Afrique sont ravagées soit par la guerre civile soit par des dictatures corrompues et sévères qui accaparent les richesses et forment donc obstacle à un développement qui permettrait d’assurer peu-à-peu l’espoir d’un meilleur niveau de vie ! L’immense Congo, le Soudan, la République Centrafricaine, par exemple, sont des pays où les tragédies succèdent aux tragédies !

Certes, il faut espérer que les Africains réussiront progressivement à se doter de régimes plus respectueux des populations où les richesses minières et agricoles, profiteront plus à la population qu’aux élites corrompues. Ce sont les Africains qui le décideront eux-mêmes. Les pays riches, les anciens colonisateurs, ne peuvent rien d’autre qu’encourager un développement réel par leurs aides diverses, leurs investissements, à condition que ces aides et investissements soient réellement utiles aux habitants et pas seulement sources de profits rapatriés en Occident, en Chine ou encore ailleurs ! A condition, aussi, qu’il n’y ait plus de collusion entre les dirigeants et élites corrompus et les pays qui y investissent, européens, américains, brésiliens ou chinois par exemple.

Cela dit, pas d’illusions ! Si le processus décrit ci-dessus se déroule et se généralise à tous les pays d’Afrique – c’est déjà illusoire ! - il faudra des décennies encore avant que des millions de jeunes Africains trouvent chez eux des conditions de vie dignes, propres à leur donner espoir d’une vie meilleure. Quiconque veut réfléchir sérieusement à ce sujet ne peut qu’être d’accord avec cette évidence ! Personne n’a le droit d’entretenir l’illusion que d’ici peu, avec ou sans notre « aide », les centaines de millions d’Africains trouveront bientôt, les emplois qui leur apporteront des ressources suffisantes. En développement, il n’y a pas de miracle. Vers 2050, autour de 400 millions d’Africains entreront sur le « marché du travail ». Et on prévoit que seulement 100 millions d’emplois pourront leur être  proposés ! Et il y en aura d’autant moins en Afrique que de nombreuses multinationales et entreprises chinoises ou autres, investissent non pas pour le développement harmonieux du pays mais pour accaparer des terres agricoles en vue de cultures d’exportation ! Bref…

En face, l’Europe, nous le savons, connaît un important déclin démographique. Seuls trois pays ont une démographie dynamique, Irlande, Pologne et France. Et même dans ces pays la fécondité est très basse par rapport à la fécondité africaine. Dans tous les pays européens la proportion des personnes de plus de 60 ans va augmenter tandis que diminuera  celle des jeunes et des actifs.  

Alors il est vain de penser que la pression migratoire à nos portes va cesser. On pourra construire tous les murs qu’on voudra, fermer nos frontières, tenter de passer des accords avec les pays d’origine du flux migratoire, on n’arrêtera jamais ce mouvement. De  très nombreux jeunes Africains choisiront l’exil vers l’Europe, à tout prix. 

Aux souffrances de l’exil, aux malheurs endurés pendant leur odyssée, malheurs d’autant plus grands que les frontières seront plus difficiles à franchir, s’ajouteront les renvois dans leurs pays d’origine à la suite d’accords entre gouvernements, le retour piteux, avant l’entreprise du prochain périple vers l’eldorado européen… et certains continueront à mourir noyés en Méditerranée, à être victimes de trafiquants divers.

Si nous Européens refusons ces migrants de la misère et leur interdisons de trouver chez nous le havre qu’ils recherchent mais au contraire, les maltraitons et renvoyons chez eux, non seulement nous manquerons, comme c’est le cas actuellement, à l’élémentaire devoir de solidarité, mais en plus nous alimenterons des rancœurs, des colères, des haines contre nous Européens. Les Africains connaissent notre niveau de vie et savent qu’il y a chez nous de très nombreuses opportunités qu’ils ne rencontrent pas chez eux.

Les groupes extrémistes islamistes déjà nombreux, sauront facilement recruter chez ces jeunes Africains  condamnés à la misère, rejetés, bafoués, les troupes de  djihadistes propres à remplacer ceux que nos armées traquent et ont de la peine à vaincre !

Refuser les migrations liées à la misère, est une politique à courte vue.

Certes les pouvoirs publics ne peuvent pas décider un accueil massif qui est rejeté par l’opinion de l’ensemble des citoyens ! Il y a partout en Europe actuellement un refus majoritaire de recevoir les migrants. Angela Merkel en a fait et en fait encore l’amère expérience ! Mais n’est-ce pas tout de même le rôle des dirigeants non pas de suivre l’opinion publique lorsqu’elle se fourvoie mais au contraire de lui montrer le chemin et lui expliquer pourquoi ?

De ce point de vue-là, notre président Macron ne semble pas avoir compris l’enjeu. Il est gêné par le refus des partenaires européens d’établir une politique commune dans l’Union, mais il aurait dû montrer une plus grande solidarité avec nos voisins italiens seuls, complètement seuls, pour faire face à l’afflux des migrants sur leur territoire : La France porte ainsi sa part de responsabilité dans la montée populiste anti-européenne que l’on constate en ce moment en Italie ! 

Henricles 1° mars 2018