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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Porte-serviette et immigrants

Me voici chez Leroy-Merlin à la recherche d’un porte-serviette à ajouter dans ma petite salle d’eau. Il y en a de toutes sortes et à tous les prix. Mon choix s’arrête sur le plus simple qui répondra au besoin présent. Prix : 8,90 €. Je regarde la gamme des autres et me dis qu’après tout, cela serait peut-être bien, vu le climat souvent humide qui règne dans cette ville, d’acheter un porte-serviette qui soit aussi « sèche-serviette ». Je consulte les prix : le moins cher est à 99,90 €. Et soudain je pense alors à tous ces migrants qui fuient les bombes, la violence, l’oppression, la guerre civile ou simplement la misère extrême, la faim, qui frappent à nos portes depuis des mois même si gouvernement et medias semblent les avoir découverts seulement ces jours-ci.

Quel rapport allez-vous me demander entre les migrants et tes porte-serviettes ?

En fait je n’ai pas du tout eu l’intention d’acheter un « sèche-serviette » mais j’imagine : chacun d’entre nous procède à des choix lorsqu’il décide de dépenses. Dans ce cas-là le choix serait entre un prix bas et un prix plus de 10 fois supérieur (8, 90 ou 99, 90 !). Certes je ne nie pas l’utilité que peut avoir un sèche-serviette dans une salle de bains : il est désagréable d’avoir des serviettes de toilettes humides.

Mais, arpentant les longs couloirs du magasin pour atteindre les caisses et sortir, je pense qu’il y a des dizaines de choix de consommation que les uns et les autres faisons souvent, pour nos vêtements, pour le choix d’une voiture avec ses options, pour l’aménagement ou la décoration de notre maison, nos vacances, nos soirées au restaurant, nos produits de toilettes, nos bracelets et colliers, nos vins et boissons. Notre vie quotidienne est truffée de ces dizaines d’arbitrages de consommation.

Tous ces choix sont destinés, à nous procurer telle ou telle satisfaction plus ou moins importante.

Et je pense à l’éventualité de décider d’arbitrer souvent en faveur d’une dépense plus modeste et ainsi pouvoir consacrer les sommes non dépensées à l’accueil de ces familles qui par milliers attendent de nous les actes qui vont les sauver.

Une famille logée, après avoir vu son toit bombardé chez elle ; un enfant bien nourri après avoir souffert de trop de privations ; un père et une mère enfin chaussés et vêtus chaudement après avoir été dépouillés de tout pendant leur errance d’exilés ; un homme reçu en ami et soigné soulagé au moins un peu de tortures et mauvais traitement subis, une grand-mère qui va enfin pouvoir dormir dans un vrai lit après s’être recroquevillé mille fois sur un sol nu ou au fond d’une embarcation surchargée !

Bref, si on met en balance les satisfactions auxquelles nous aurons renoncées, dans notre « train de vie » et celles qu’on va pouvoir procurer à ces êtres humains privés du minimum, il n’y a aucune hésitation : d’un côté des choix de choses importantes pour nous certes, dont nous avons envie parce qu’il est légitime de chercher à améliorer notre confort et augmenter nos plaisirs avec les revenus que nous avons gagnés par notre travail, mais dont ni notre santé ni notre sécurité, ni notre tranquillité, notre bonheur vrai, notre vie ne dépendent.

Et sur l’autre plateau de la balance, contribuer à apporter la paix, le pain quotidien, un toit, le minimum sans lequel une vie d’homme n’est pas une vie digne de l’homme.

Sous quelle forme ? Je ne sais. On peut imaginer une taxe sur tel ou tel produit affectée obligatoirement à l’accueil la formation, le logement des migrants réfugiés de la guerre ou de la misère, on n’a pas à distinguer ! On peut imaginer que chacun verse à une mairie mobilisée dans l’accueil, paroisse, une association d’aide et soutien. Il y a mille façons de décider des modalités de l’accueil nécessaire de milliers de migrants

Nous sommes un pays très riche En France, au moins 70% ou 75% des citoyens sont loin de la misère, de la pauvreté. Trois Français sur quatre. Au moins.

Nous sommes riches, très riches. Comme nous disent nos amis Roms, eux aussi « réfugiés », nos poubelles débordent de richesses et ils y trouvent des biens qu’il leur serait difficile de se procurer dans ces pays de Roumanie ou Slovaquie qu’ils ont quittés.

Certes ici ou là nous nous appauvrissons peu-à-peu d’année en année. C’est vrai.

Il est vrai aussi que nos richesses sont souvent gaspillées, mal utilisées. Je ne parle pas seulement des pourcentages horrifiants qu’on vient de publier sur le tonnage annuel de nourriture jetée. Non ! Je parle aussi des gaspillages éhontées des diverses bureaucraties, des gaspillages liées à la multiplication absurde et coûteuse des étages de niveaux politiques locaux et nationaux, des gaspillages liés à la politique : de tant et tant de politiciens élus, qui se comptent par milliers, de hauts fonctionnaires, membres de cabinets ministériels et autres copains casés ici ou là ; gaspillage de ces milliers de « ronds-points » construits plus nombreux en France que dans tous les autres pays voisins additionnés sous prétexte de sécurité ; gaspillage de ces milliers d’établissements scolaires et leurs équipements, inutilisés environ 3 mois sur 12 sauf quelques-uns ; gaspillages d’une publicité-papier qui à l’ère d’Internet, continue à remplir nos boîtes aux lettres de prospectus dont les ¾ vont directement de la boîte à la poubelle ; gaspillage des millions de litres de carburant dépensés dans les embouteillages toujours plus nombreux. Et il y a bien d’autres gaspillages auxquels je ne pense pas et que vous-même avez pu constater !

Nous sommes riches, très riches. Mais, c’est devenu une banalité de l’écrire ou le dire, cette richesse est mal répartie. Une minorité qui n’a cessé de grandir depuis 40 ans, est pauvre et ne bénéficie pas pleinement de la richesse de nos pays. Certains parmi eux, nombreux, sont même dans la misère, une misère indigne de nos sociétés et d’autres n’en sont pas éloignés hélas.

Richesse mal répartie ? Oui, depuis 40 ans, nous avons collectivement choisi de sacrifier certaines catégories pour permettre aux autres de continuer à profiter pleinement du haut niveau de vie de nos sociétés d’abondance, de « surabondance matérielle ». Jeunes sans qualification, immigrés peu ou mal intégrés, femmes seules chargées d’enfants, retraités autrefois ouvriers ou paysans, veuves, aux pensions indignes.

Nous sommes riches : terrains de golf, tennis, piscines, résidences secondaires, parfums et eaux de toilettes, produits de « beauté et soins du corps », en vogue chez les hommes maintenant autant que chez les femmes, multiplications de salles de « fitness » et « musculation », skieurs si nombreux que les embouteillages vers les stations sont récurrents en hiver, vêtements de marque souvent renouvelés, deux ou trois voitures par ménage parfois, voyages à l’étranger. Japon, Argentine, Chine, Europe du Nord, aucune région du monde n’est trop éloignée pour nos retraités ou couples d’actifs. Les croisières en Méditerranée ou en Scandinavie ont le vent en poupe et ils sont toujours des millions à se dorer au soleil sur les plages de Grèce, Croatie, Espagne, Maroc. Et ceux-là ne sont pas des milliardaires, mais des citoyens européens ordinaires, ni des riches ni des pauvres.

Quiconque a, si peu que ce soit, voyagé un jour dans un pays hors de l’Europe occidentale, sait que nos équipements collectifs publics, parfois semi-publics ou même privés, sont considérables, bien entretenus et signes d’une richesse qui n’existe nulle part ailleurs dans le monde, pas même aux États-Unis d’Amérique : stades, écoles, lycées, hôpitaux, cliniques, autoroutes, ponts, viaducs, gymnases, voies ferrées, aéroports, signalisation routière, éclairage public, crèches, maisons de retraite, maisons de la culture et j’en oublie certainement : aucune région du monde n’en est si bien pourvue.

Alors malgré cette « crise » dont on ne cesse de parler, la grande majorité d’entre nous est suffisamment aisée pour que les migrants puissent être reçus et accueillis par milliers, dizaines de milliers, aussi bien Roms qu’Érythréens, Irakiens, Soudanais, Syriens, Libyens ou autres, sans menacer notre niveau de vie quotidienne. Et si les recevoir coûte cher en effet au début, ensuite, une fois intégrés, la plupart d’entre eux seront des travailleurs actifs et utiles et des citoyens pacifiques heureux d’avoir enfin trouvé la paix et une vie digne !

Et les accueillir avec bienveillance et générosité est le principal moyen de développer chez eux un sentiment d’estime, d’amitié pour nous et notre pays.

Au contraire, barbelés, grenades lacrymogènes, matraques, lieux d’enfermement, expulsions font naître et croître la haine contre nos sociétés repues.

Et cette haine est le terreau où poussent les Djihadistes.

Henricles 12 09 2015

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