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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

Le livre qu'il faut lire d'une auteure pourtant très contestée

 

Sylvie Brunel ! Pour beaucoup cette universitaire spécialiste de l’agriculture et des questions liées à la faim et à la malnutrition est une écrivaine qui s’est mise au service de la FNSEA, de la puissante agriculture industrielle, grande consommatrice de pesticides, responsable de bien des atteintes graves à l’environnement, notamment du déclin de la biodiversité et de la disparition des pollinisateurs. Sylvie Brunel a osé signer, il y a quelques années, une pétition qui réfutait les menaces du réchauffement climatique et a même récemment écrit dans « Le Monde » une tribune où elle affirmait que le dit-réchauffement avait des avantages pour certains territoires, à côté des inconvénients tant décriés !

On la traite d’ignorante, d’irresponsable qui fait l’apologie d’un type d’agriculture fondée sur une chimie à doses massives qui pollue les sols, les animaux et… les hommes.

Je sais tout cela. Je m’étonne moi aussi qu’une telle universitaire provoque, avec des affirmations qui semblent faire bon marché des conséquences néfastes déjà visibles du réchauffement climatique.

Son livre est par endroits polémique.

Son livre dérange.

Son livre passe un peu vite sur la diminution de la biodiversité.

Son livre parle avec bonheur des « paysans » dont elle fait l’apologie mais elle utilise cette noble appellation aussi bien pour le modeste éleveur de moyenne montagne qui vit  difficilement de ses 15 / 20 vaches et de quelques petits fruits, en agriculture « raisonnée » que pour le céréaliculteur à la tête de 2000 hectares dans la Beauce qu’il cultive pour une puissante coopérative dont il est l’un des nombreux sociétaires. Sa coopérative vend ses céréales à des négociants sur le marché international qui exportent au Maghreb ou en Égypte l’essentiel de la production.

 

Oui, il faut lire ce livre « Pourquoi les paysans vont sauver le monde. » 260 pages. Buchet –Chastel. Février 2020

 

On y découvre une grande universitaire, Sylvie Brunel, érudite, passionnée de l’agriculture et des questions d’alimentation, préoccupée de la malnutrition et de la faim qui sévissent encore dans le monde. On y reçoit la colère de l’ancienne présidente « d’Action contre la faim » colère qu’elle manifeste contre tous ceux qui au nom du « bio », du « respect d’une Nature » qui serait la bonne mère menacée par les vilains humains, voudraient qu’on abandonne des méthodes qui ont permis à nos sociétés de vaincre les pénuries récurrentes et nous offrent l’abondance. Elle s’élève fortement contre le dénigrement des agriculteurs de France qui, selon elle, ne cessent d’être en butte à des critiques acerbes, d’être accusés de polluer ou martyriser leurs animaux, de recevoir de la part des citadins ignorants des leçons de nature, alors qu’ils passent une grande partie de leur temps à chercher à produire toujours autant ou plus mais avec moins d’intrants, moins de dégâts sur l’environnement.

Vous prendrez conscience, grâce à Sylvie Brunel, que produire local, n’acheter que local, refuser la grande agriculture productiviste, seraient nous condamner au retour des pénuries. Que produire sans les traitements dont ont besoin les plantes  serait aussi absurde que si on refusait tous les médicaments qui nous guérissent et protègent. Que l’agriculture « bio » traite elle aussi, avec de la chimie, tant honnie, et que l’augmentation de la consommation des produits phytosanitaires est en partie liée au développement de l’agriculture bio. En effet les nombreux traitements utilisés par les « bio » sont moins efficaces et il faut en mettre de plus grandes quantités.

Lisez Sylvie Brunel, vous serez étonnés de sa connaissance érudite des très nombreux agresseurs qui dans notre soi-disant « bonne nature » viennent très vite ravager toutes nos cultures si nous ne les protégeons plus comme les paysans ont cherché, pendant de siècles, à les défendre pour nous éviter disettes et famines.

Lisez Sylvie Brunel, et étonnez-vous ensuite qu’elle soit accusée de condamner le « bio » le « local » ou la « permaculture » alors qu’elle préconise au contraire une coopération selon elle nécessaire entre tous les types d’agriculture qui ont chacune leur place.

Lisez Sylvie Brunel et vous constaterez, avec elle, que les 10 millions d’urbains Franciliens ne pourraient se nourrir par une production « locale » ! Et que les 50 % d’urbains sur les 7, 7 milliards d’êtres humains qu’il y aura sur la planète d’ici peu, auraient de la peine à produire chez eux, sur leurs balcons, leurs toits ou dans leurs bidonvilles, les millions et millions de tonnes de divers produits alimentaires qu’ils consommeront chaque jour.

Et vous constaterez surtout que Sylvie Brunel, non seulement ne nie pas les graves atteintes à l’environnement qu’a pu et peut encore produire l’agriculture conventionnelle mais qu’elle préconise une troisième révolution agricole.

«  Alors que le changement climatique et les attentes sociétales bouleversent notre relation à ce que nous mangeons, la troisième révolution agricole a commencé…Partout la façon de produire la nourriture qui nous est indispensable, tout en préservant la terre, les sols, la biodiversité suscite des interrogations et des passions. Partout l’innovation est en marche…C’est un défi immense pour l’humanité que de se nourrir tout en protégeant la planète. »

Combien parmi vous, chantres du « produire local » et des « circuits courts », sont –ils prêts à se passer de sucre de canne, café, chocolat, thé, quinoa, avocats, bananes, ananas, et autres produits dont le voyage est bien long avant d’arriver sur leurs tables. Et combien parmi vous, que j’imagine « démocrates », sont–ils prêts  aussi à faire voter des lois qui interdiraient à nos millions de concitoyens le commerce de tous ces produits, lequel entraîne forces émissions de CO² et autres gaz à effet de serre ?

 

Henricles. A  Silhac. Le 02 03 2020

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