29 Janvier 2020
Notre société au début du XXI° siècle I
Le travail ci-dessous sera suivi de plusieurs autres textes. En effet une réflexion sur notre société ne peut se contenter de ces lignes que vous allez lire.
Nous aborderons ensuite d’autres aspects de la réflexion sur notre société sinon celle-ci serait par trop simplifiée, amputée de questions qui sont fondamentales pour notre présent et notre avenir proche.
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Le rédacteur de ce texte savait depuis bien avant 1989 que les sociétés communistes en Europe ou ailleurs étaient pires que les autres et que ce que le PCF et ses alliés racontaient à ce sujet n’était pas conforme à la vérité ! Ils n’ont cessé, la plupart en toute bonne foi, de tromper les citoyens, leur laissant croire qu’un autre avenir était à portée de mains puisqu’ailleurs en Europe de l’Est, en URSS certains étaient parvenus à construire une société plus juste.
1989 a montré au monde entier que le Communisme avait été une parenthèse terrible, catastrophique, perversion d’un idéal de mise en commun et d’égalité sociale.
C’est, pourtant vers une telle société de mise en commun, de justice, que nous devons tenter d’aller sans nous bercer d’illusions sur les difficultés et les délais pour nous approcher d’un tel idéal !
Une équipe internationale d’économistes a mis en place un « laboratoire des inégalités mondiales ». Les résultats de leur travail fait référence. Parmi eux, le célèbre Piketty, farouche adversaire de Macron.
Ce Laboratoire a dévoilé que les inégalités ont augmenté quasiment dans tous les pays d'Europe depuis le début des années 1980. Or, La France fait partie des bons élèves en matière de lutte contre la pauvreté et contre les inégalités. « La générosité des transferts sociaux a permis de maintenir la pauvreté à un niveau parmi les plus bas d'Europe », soulignent les auteurs.
(Graphique extrait des publications du Laboratoire cité ci-dessus. Mais le titre n’est pas de ces auteurs)
Est-ce à dire que nous devons nous satisfaire de la situation de notre pays ? Certes il est heureux de savoir que de tous les pays du monde d’une population supérieure à 40 millions d’habitants, nous sommes, de loin, le moins inégalitaire.
Mais nous ne pouvons nous résigner à ce que dans notre pays il y ait environ 14% de personnes considérées comme « pauvres » et que ce taux ait légèrement augmenté depuis quelques années. Nous ne pouvons nous satisfaire que le nombre de personnes qui reçoivent le RSA soit encore de 1,83 millions en mars 2019 alors qu’il était de 1,84 millions en 2018 et ce, malgré l’importante baisse du chômage de ces deux dernières années.
Nous présentons ces données parce qu’il ne faut pas juger notre société, nos pouvoirs publics d’hier et d’aujourd’hui uniquement dans l’absolu, en fonction du degré d’égalité ou de justice sociale qu’on souhaiterait, mais il faut, avant des jugements péremptoires, observer aussi la situation des pays voisins les plus proches.
De ce point de vue-là, la situation dans notre pays est bien meilleure que celle de la plupart de nos partenaires. C’est un premier constat très important. Cela signifie que, contrairement à ce qui est dit et répété, les gouvernements aux affaires depuis les années 75 / 80 N’ONT PAS DÉMANTELÉ le système de protection sociale mis en place à partir de 1945 ! L’essentiel demeure, d’autant plus qu’à côté de reculs incontestables, il y a eu des avancées. (Allocations de parents isolés ; congés parentaux ; allocations de logement pour presque tous les étudiants ; RMI puis RSA etc…)
Il y a eu des privatisations certes nombreuses et l’État a laissé fermer des services publics ici ou là et c’est très dommageable, mais cela ne veut pas dire que « l’État-providence » aurait été abattu ! Jamais dans notre histoire contemporaine, depuis 1945, les diverses prestations sociales n’avaient été aussi importantes en terme de dépenses budgétaires !
Et je répète ici il ne s’agit pas d’opinion mais de faits avérés ! Quiconque le conteste soit est mal informé, victime de propagandes intéressées à noircir la situation, soit encore est de mauvaise foi !
Avec 56 % du PIB de prélèvements obligatoires, malgré ce, l’État et les collectivités publiques (Etat ; les collectivités territoriales ; sécurité sociale ; Unedic et tant d’autres) sont terriblement endettés ! Chaque année le « service de la dette publique » c’est-à-dire les sommes que l’on prend sur le budget de l’État pour payer les intérêts de la dette, représentent le deuxième ou troisième poste budgétaire.
Concrètement cela veut dire qu’avec nos impôts l’État verse des sommes considérables aux capitalistes ou simples épargnants qui lui ont prêté de l’argent. Avec l’argent que paye à l’État, par la TVA, lorsqu’elle achète quelque chose, une caissière en supermarché, celle-ci verse de l’argent à des épargnants, des capitalistes qui ont acheté des obligations d’État !
Réduire au maximum le déficit de l’État, ce serait ne pas aggraver l’endettement et donc pouvoir, au lieu de payer des intérêts à des épargnants, utiliser l’argent, par exemple, pour mieux payer les infirmières ou les aides-soignantes !
Réduire l’endettement de l’État ou des collectivités serait, en théorie (en pratique c’est très difficile !) une des mesures les plus progressistes, les plus favorables au développement des services publics ! Mais attention c’est un raisonnement théorique !
Ne jamais être dogmatique : Il y a des situations où il est utile d’accepter des déficits et donc d’augmenter la dette de l’État. Mais en dehors de périodes de guerre, lorsque comme actuellement la dette dépasse 100 % du PIB, il faudrait éviter de l’augmenter !
Or, que se passe-t-il ? L’État continue, quelle que soit la couleur politique des gens au pouvoir, année après année, à augmenter les dettes. Pourquoi ?
Parce que l’État se trouve face à des citoyens ou groupes de citoyens – les électeurs, vous et moi ! - qui demandent toujours une augmentation de ses dépenses et il n’arrive pas à leur résister. Ainsi en 2020 le déficit du budget d’ores et déjà prévu est de 96 milliards d’€. Chaque année l’État emprunte 200 milliards sur les marchés financiers et 50 % des acheteurs d’obligations d’État sont étrangers !
Voici ci-dessous quelques-unes des mesures que l’État devrait prendre pour satisfaire des besoins urgents !
J’arrête cette énumération que je pourrais prolonger indéfiniment tant il y a en France de besoins publics ou privés à satisfaire et dont beaucoup sont urgents et prioritaires
J’entends déjà les réponses : On a bien trouvé les milliards pour les banques on peut les trouver pour tout ça ! Et il n’y a qu’à prendre aux riches, aux capitalistes.
Voici la réponse. D’abord, les banques, ensuite, le financement des mesures ci-dessus.
Les Banques.
Pour le financement des mesures il s’agit de tout autre chose.
Financement des mesures nécessaires pour répondre aux urgences signalées plus haut
Si on veut satisfaire rapidement toutes les principales urgences, on doit mettre sur la table des dizaines et dizaines de milliards chaque année soit en augmentant massivement les impôts soit en aggravant la dette publique déjà énorme !
Très souvent nous ne nous rendons pas compte de ce que j’appelle ici les grands nombres.
Il y a environ 800 000 enseignants ; les personnels de la fonction publique hospitalière sont plus de un million cent mille (1 100 000) : augmenter les salaires et en plus recruter massivement comme il le faudrait, représenteraient des sommes considérables à côté desquelles, les dépenses parfois abusives des politiciens, des élus, sont des broutilles qui ne pèsent pas lourd dans la balance ! Je répète, les dépenses urgentes coûteraient chaque année, en plus, des centaines et centaines de milliards dans des budgets qui, depuis 1975, sont chaque année déficitaires !
Où prendre cet argent ?
Augmenter les impôts ? Ceux des riches, bien sûr ! A partir de quel niveau est-on riche et devrait-on être frappé ? Dites le moi ! Si c’est à partir de 10 000 € par mois il y a très peu de riches, moins de 1% de ménages (environ 350 000 personnes) ! Et à moins de tout leur prendre, on n’aurait pas une grande recette et, de plus, ce serait absurde ! Ce n’est évidemment pas en taxant très sévèrement ceux-là qu’on pourrait financer les dépenses urgentes nécessaires. Même si bien sûr un des éléments - et seulement un de ces éléments- de la solution serait, en effet, d’augmenter les impôts sur les plus hauts revenus.
Prendre aux entreprises ? Si on frappe trop les entreprises en France, elles augmenteront leurs prix ou baisseront leurs investissements. On avantagera les entreprises des autres pays et les entreprises en France licencieraient et ne seraient plus compétitives ! De plus la libre circulation des capitaux en Europe (que personnellement je regrette très profondément !) entraînerait les propriétaires de capitaux de ces entreprises, à vendre leurs actions, à fuir les entreprises de France ! Faire payer fortement les entreprises serait, à terme, condamner, de fait des milliers de travailleurs au chômage ! Les gens qui placent leurs capitaux dans des entreprises en France, en attendent du rendement, soit sous forme de dividendes versés par l’entreprise, soit sous forme d’augmentation de la valeur des actions en bourse. Et si l’État décidait de taxer ces entreprises, bien évidemment les capitalistes iraient placer leurs capitaux sous des cieux plus cléments…pour leur argent !
Bref, contrairement à ce qu’énormément de gens croient avec la meilleure bonne foi et répètent à l’envie, non, non et non il n’y a pas de trésor caché dans les coffres des capitalistes dans lequel on pourrait puiser ! Les milliards de Bernard Arnault dont on nous rebat les oreilles sont des valeurs d’actions, des produits financiers qu’on ne peut lui prendre et si d’ailleurs on commençait à vouloir les lui prendre, la valeur de ses actions chuterait immédiatement ! De plus il y a de multiples lois européennes et internationales qu’il faudrait dénoncer si on voulait vraiment exproprier sérieusement certains riches. Dans ce cas la France serait mise au ban et de l’Europe et du monde ! Dans le monde d’aujourd’hui, la France seule ne peut aller contre les lois dominantes du système actuel. La seule et unique façon d’en changer serait – est - de convaincre nos partenaires européens ! Trump par sa détestation de l’Europe, peut nous fournir l’occasion de convaincre les Allemands et les autres !
Est-ce à dire que rien n’est possible en France ? Non bien sûr ! Mais en tous cas rien de spectaculaire qui permettrait à l’État de répondre rapidement à quelques-unes des urgences listées plus haut !
Augmenter l’impôt sur l’héritage ? C’est très impopulaire ; créer une tranche supplémentaire de l’impôt sur le revenu pour les plus élevés ? Supprimer des niches fiscales inadmissibles ; lutter contre des gaspillages tels que dénoncés par la Cour des Comptes ; accélérer la lutte largement commencée contre la fraude fiscale etc. Tout cela serait peut-être utile mais ne permettrait pas de répondre aux urgences signalées ci-dessus.
De toute façon l’économie française est tellement entremêlée avec celle de nos partenaires de la Zone Euro et de l’Union européenne que la marge de manœuvre de l’État français seul est réduite ! Et il faudrait un changement drastique de majorité politique au niveau européen avec les principaux grands États de l’Union pour permettre d’améliorer rapidement les choses ! Hélas on en est loin. Mitterrand et ensuite Chirac et Sarkozy ont laissé l’Union européenne adopter des règles de liberté des mouvements de capitaux qui aujourd’hui empêchent réellement en France nos gouvernants de décider tout ce qu’ils voudraient ! Hollande s’était engagé à modifier les choses mais n’a rien pu obtenir. Quant à Macron, Européen convaincu, il se heurte à l’immobilisme actuel des Dirigeants de l’U.E. pour cause de Brexit et de fin de règne d’une Merkel plus prudente que jamais et paralysée par les menaces qui pèsent sur l’activité industrielle de l’Allemagne notamment sur son secteur automobile. Pour le dire brutalement le président Macron quelles que soient ses convictions se heurte à un mur.
Quant aux démagogues des extrêmes du spectre politique qui promettent qu’on aura le beurre et l’argent du beurre (puisqu’on prendrait leur beurre aux riches ! ), ils multiplient les promesses parce qu’ils savent, soit qu’il n’arriveront jamais au pouvoir, soit qu’ils renieraient leurs promesses une fois élus et nous expliqueraient que le situation laissée par leurs prédécesseurs est pire que ce qu’ils croyaient, qu’ils doivent d’abord y remédier mais qu’après, promis, juré, ils raseront gratis !
En attendant, « sortez le président et tous ses partisans, débarrassons-nous de ces gens qui n’écoutent pas le peuple et ensuite vous verrez TOUT ira mieux nous mettrons Le PEUPLE au pouvoir ! »
Qui pourrait y croire ?
Henricles. A Silhac le 29 01 2020