Nous Français et la victoire des populistes en Italie

29/05/2018 08:01

Nous Français et la victoire des populistes en Italie.

C’est enfoncer des portes ouvertes d’écrire que la victoire de la Ligue et du Mouvement cinq étoiles est à la fois triste et dangereuse. Ces politiciens n’aiment pas l’Union européenne et souhaitent plutôt la ralentir ou l’affaiblir que la renforcer !

Selon les mesures qu’ils prendront, ils risquent de provoquer une nouvelle crise de l’Euro et elle serait alors plus grave que la précédente. En France, en Pologne, en Hongrie, aux Pays-Bas et ailleurs, beaucoup s’en réjouiraient et feraient tout pour qu’on en finisse avec l’Euro et l’Union européenne!

Ils veulent fermer leur pays aux migrants et souhaitent s’en débarrasser le plus possible !

Que s’est-il passé pour qu’on en arrive ainsi à une telle situation même si les explications ci-dessous ne prétendent pas rendre compte de toutes les raisons qui ont conduit le peuple italien à cette situation ?

Écoutons celui qui était encore le secrétaire d’État aux affaires européennes dans le gouvernement italien le 21 mai : « A l’étranger, nos partenaires ont sous-estimé l’effet dévastateur de leur attitude durant la crise migratoire… »

Et dans cette attitude « dévastatrice » - le mot est fort ! – la France porte une responsabilité écrasante ! La France a barricadé sa frontière avec l’Italie pour empêcher les migrants arrivés en masse dans la péninsule, de passer sur son territoire ! La faute à qui ? A Hollande ? A Macron ? A Édouard Philippe ? C’est trop, beaucoup trop facile d’accuser les gouvernements, les présidents ! Non ! Nous Français, sommes actuellement une société qui rejette les immigrés sous des prétextes divers ! N’oublions pas que les partis de droite et d’extrême-droite, passent leur temps à affirmer contre toute vérité qu’il y aurait « trop » d’immigrés, qu’il faut fermer nos portes, qu’il faut en expulser etc. Et ces partis ne sont pas seuls ! Les sondages ne cessent de renvoyer l’image d’une opinion publique française en phase avec ces idées fausses répandues par les démagogues de tous bords !

Ce n’est pas le président, ce n’est pas le gouvernement, ce ne sont pas les pouvoirs publics les vrais responsables : Nous Français, nous, habitants de ce pays avons délibérément, volontairement, refusé de manifester notre solidarité aux Italiens nos plus proches partenaires, ces Italiens qui sont depuis des décennies maintenant, un peuple auquel nous attachent de très nombreux liens, y compris affectifs ! Seuls quelques militants courageux ont sauvé l’honneur !

Dans un pays de libertés comme le nôtre, les pouvoirs publics ne se risquent pas à affronter brutalement la population et ne décident pas une politique dont ils savent qu’elle irait exactement à l’inverse de ce que souhaite et pense l’opinion publique ! Lorsqu’Angela Merkel a ouvert les portes de l’Allemagne à des dizaines de milliers de migrants, elle a obéi à sa conscience morale plus qu’à son instinct politique et ne pensait pas que l’opinion allemande se retournerait en grande partie contre elle : elle s’est bien gardée de recommencer et, dans cette affaire, a perdu l’autorité exceptionnelle qui était la sienne. Aujourd’hui elle n’est plus qu’une chef de gouvernement très affaiblie !

Macron a entrepris avec son gouvernement et sa majorité, des réformes très importantes, difficiles à faire admettre à de fortes minorités, violemment contestées par des opposants qui font tout pour le faire échouer, combattues par des corporations crispées sur leurs acquis, refusées en bloc par certaines organisations syndicales figées, elles aussi, dans un rôle et sur des positions traditionnels qu’elles confondent avec l’intérêt général. On ne voit pas dans ces conditions un Macron décider alors d’ouvrir grand les portes de la France à des milliers de migrants contre une opinion qui n’en veut pas, opinion manipulée depuis des années par des démagogues à courte vue ! C’en serait fini de sa capacité à réussir ce qu’il a courageusement entrepris !

Laissons Macron à sa responsabilité : il la connaît certainement très bien !

C’est lâche, triste, d’avoir tourné le dos à nos amis Italiens, mais nous ne devons nous en prendre collectivement qu’à nous-mêmes même si,nous savons que dans une société, plus on a de pouvoir politique, économique et social, plus on a de poids dans l’opinion, plus notre part de responsabilité est importante !

Souhaitons que les conséquences de l’arrivée au pouvoir en Italie de ces dangereux populistes ne soient pas trop graves. Et nous pouvons nous rassurer à bon compte, n’est-ce pas ? Nous ne sommes pas, en Europe, les seuls responsables de ce désastre italien !

De toutes façons, il est sûr que les migrants, eux, vont en être les premières victimes : Le chef de la Ligue, annoncé comme ministre de l’Intérieur du nouveau gouvernement italien, prétend, d’après son programme, expulser 500 000 migrants ! Évidemment il ne pourra pas !  Mais avec un tel ministre à un tel poste, on peut imaginer quel sera le sort des migrants…hélas !

Henricles. 22 mai 2018