Tziganes, bohémiens, gens du voyage, groupes romani, Manouches, Romanichels, Gitans, Roms… Qui sont-ils et pourquoi suscitent-ils autant de méfiance, d’agressivité et de préjugés ?
Le terme « Roms » utilisé au sens générique a été choisi par l’Union romani en 1971 afin d’inclure l’ensemble des groupes dits « tziganes ». À partir de cette définition extensive des Roms, le Conseil de l’Europe estimait en 2012 qu’ils étaient en France entre 300 et 500 000, soit environ 0,6 % de la population.
En France, les groupes tziganes sont très différenciés, tant du point de vue de leur origine, que de celui de leur statut juridique, ou de leurs modes de vie.
Pourtant, ils sont bien souvent amalgamés, indifférenciés et jugés avec suspicion, marginalisés au détriment de leur histoire et de la place qu’ils occupent dans la société française.
Tous les Tsiganes ne sont pas mobiles
La grande majorité est composée des « gens du voyage », une communauté estimée à environ 350 000 personnes, alors que certaines associations de gens du voyage avancent un chiffre plus proche de 500 000 personnes. Cette estimation intègre entre 60 et 70 000 « voyageurs » ou personnes en déplacement permanent.
Le terme correspond à la catégorie administrative apparue dans les textes officiels dès 1972 et qui s’applique aux personnes visées par la loi du 3 janvier 1969 pour désigner des populations françaises mal identifiées (les Manouches, les Gitans, les forains, les Yéniches, etc.) du fait de leur mode de vie itinérant. Pour simplifier, ce terme correspond à une population « sans domicile ni résidence fixe » mais qui revendique une inscription territoriale.
En suivant les recommandations de la CNCDH de 2012, on peut définir les gens du voyage comme des citoyens français qui ont un mode de vie fondé à l’origine sur la mobilité, même si nombre d’entre eux sont aujourd’hui sédentaires.
Le même terme recouvre donc des réalités sociales et économiques très diverses. En France, on trouve aussi des groupes qui s’autodéfinissent comme Roms. Certains d’entre eux sont citoyens français, immigrés en France à partir de la fin du XIXᵉ siècle, d’autres sont des citoyens bulgares, roumains, kosovars ou provenant d’autres pays d’Europe de l’Est.
Seule une petite minorité des Roms ainsi définis – entre 15 000 et 20 000, principalement issus d’une immigration récente venant de Bulgarie et surtout de Roumanie – vit dans une très grande précarité, dans des bidonvilles.
Les autres ne sont pas « visibles », et ne vivent pas dans des conditions de misère extrême. Nous sommes donc en France comme dans l’ensemble des pays européens en présence d’une mosaïque de fragments ethniques, à laquelle se superpose une pluralité de statuts juridiques (citoyens français, ressortissants des pays de l’Union européenne ou d’autres pays européens, apatrides).