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Le blog politique et culturel de henricles

C'est le blog de quelqu'un qui n'appartient à aucun parti politique mais qui pense que le simple citoyen peut s'emparer des questions politiques économiques et de société pour proposer ses réflexions etdonner son avis C'est également un blog littéraire et culturel où je place divers récits et oeuvres qui me concernent et ont un intérêt. notamment des récits de voyage et des tableaux d'amies peintres

L'Homme inutile III

Les préconisations du Professeur Giraud I

Nous parlions d’utopie. En effet ce serait utopique si l’auteur proposait, par quelques mesures rapides, d’en finir avec cet enfermement dans « l’inutilité » auquel tant et tant de nos contemporains sont condamnés. Mais il dit bien dans son ouvrage que certaines corrections à apporter peuvent s’étaler sur 10 ans. Long chemin disions-nous. Reconnaissons-le, si en une dizaine d’années on pouvait constater que des millions de femmes et d’hommes étaient passés de l’inutilité à l’utilité reconnue ce serait une victoire importante sur le fatalisme.

Nous verrons ces préconisations par présentation successive, d’abord de ce qui relève de la négociation internationale, ensuite des décisions souveraines des États concernés dans les divers ensembles géopolitiques, enfin de la France et l’Europe en particulier

  1. Ce qui relève de la négociation internationale

Finance.

La crise de 2008 a été provoquée par les comportements irresponsables de grandes institutions financières et permise par la libéralisation quasi complète des mouvements de capitaux et produits financiers entre toutes les places. Cette crise a provoqué une aggravation du chômage et de la misère. Une fois de plus les « damnés de la terre » en ont été les principales victimes. Il faut empêcher l’instabilité qui menace toute l’économie à cause de cette libéralisation financière

En conséquence il est impératif, selon notre professeur, de réglementer le monde de la finance de façon notamment à établir une cloison étanche entre la finance de marché, d’une part, le système monétaire et les organismes de crédit d’autre part. « Stricte séparation entre les banques commerciales et les institutions financières gérant de l’épargne pour le compte de tiers ». (Page 321)

Une telle négociation est indispensable même si on sait que ces mesures rencontreront la résistance des lobbies financiers farouchement opposés à la liberté qu’ils ont de spéculer et s’enrichir quelles qu’en soient les conséquences désastreuses pour le reste du monde ! Les États et organisations internationales doivent reprendre la main et s’imposer à la finance débridée et irresponsable

Cela dit notre professeur nous rappelle que des banques fortes et saines, un système financier de marché sont indispensables à la prospérité de notre monde globalisé et complexe.

Environnement et climat

La première question est celle du « capital naturel » menacé aujourd’hui par notre type de développement. Or, ce sont les plus pauvres – « les inutiles » - qui sont les premières victimes de l’exploitation abusive et destructrice des ressources de l’environnement. La surexploitation des sols, des poissons, des forêts ou la charge excessive de polluants divers, sont particulièrement dramatiques pour les plus pauvres. Il est donc nécessaire de

-Réglementer l’accès aux ressources là où il est « libre » et où on en abuse.

- Former les gens pour qu’ils comprennent les enjeux et risques de prélèvements excessifs

- Investir de façon à augmenter la productivité de certaines ressources.

Certaines de ces préconisations relèvent à la fois de chaque État ou groupe d’États, des grandes firmes globales et de la négociation internationale

A propos du réchauffement climatique, qui est le danger principal, notre économiste se rallie tout simplement aux préconisations du GIEC.

A la veille de la COP 21 il est superflu de détailler cette question. Une remarque : Les pauvres n’accepteront jamais qu’on leur fasse payer le coût de la transition écologique. C’est aux riches de faire l’essentiel du chemin vu que ce sont eux qui ont consommé et consomment le plus. Des solutions « globales » apparemment simples comme une taxation uniforme des émissions de CO² sont inacceptables pour les pauvres. Ainsi P.N. Giraud fait remarquer que taxer le carbone uniformément à 30 dollars la tonne, reviendrait à augmenter de 50% le prix du parpaing de ciment que les pauvres des bidonvilles du Caire ou de Mumbai achètent à l’unité, jour après jour, pour consolider leurs baraques !

Les solutions à adopter sont relativement simples à énumérer. Quant à les décider et mettre en œuvre…nous verrons bientôt (décembre 2015) à Paris si les politiques sauront ou non se montrer à la hauteur de l’enjeu !

  • Fixer par blocs de pays les objectifs de réduction d’émissions de GES.
  • Créer un organisme multilatéral qui suive les trajectoires
  • Organiser un mécanisme d’échanges de droits.
  • Décider d’un mécanisme de financement de transfert de technologies « propres » des pays les plus avancés vers les pays les plus pauvres.

Nouvelles règles du jeu internationales

Selon P.N. Giraud, il faudrait rechercher des accords tels que les pays émergents comme Chine, Inde et Brésil, acceptent de se recentrer sur leur marché intérieur de façon à développer chez eux une importante classe moyenne. Que les firmes globales de ces pays « délocalisent » certaines de leurs industries de main-d’œuvre par investissement en Afrique et Asie du Sud « stagnante ». Et que l’Europe se ferme certes aux importations de l’Asie mais reste ouverte aux exportations africaines. Cela permettrait à l’Afrique de commencer à en finir avec ses millions d’hommes inutiles qui seraient embauchés dans ces usines ainsi « délocalisées ».

L’Europe (l’Amérique du Nord si elle le souhaite) devrait se réindustrialiser.

Cela demande au-delà des accords entre États, une négociation entre les pouvoirs publics européens et les entreprises globales de façon à élaborer une politique industrielle à long terme : rééquilibrage des balances d’échanges entre blocs, relocalisation d’emplois nomades en Europe etc.

Au cas où une telle négociation ne pourrait aboutir, il faudrait que les Européens préparent un plan de négociation « dure » avec certains. Ainsi, par exemple, l’Europe pourrait exiger de la Chine (ou de l’Inde, ou du Brésil…) ce que celle-ci exige des Européens. Et P.N. Giraud prend l’exemple de l’aviation. La Chine exige pour acheter des Airbus, qu’Airbus fabrique une partie de ses avions dans des usines chinoises. On pourrait accepter d’acheter l’avion concurrent d’Airbus (le Comac) à condition que l’entreprise chinoise installe en Europe, des usines qui fabriquent une partie de la chaîne de valeurs de ces avions.

Mais il conclut ce passage de son livre ainsi : « des accords de coordination des politiques macroéconomiques négociés entre blocs d’États à États, doublés de fortes incitations concertées et réciproques pour les firmes globales pourraient aboutir au même résultat » que le plan ci-dessus. « De tels accords permettraient ainsi de réduire partout le nombre d’hommes inutiles, tout en favorisant l’émergence de l’Afrique et de ses deux milliards et demi d’habitants en 2050, le plus grand défi du siècle » (Page 308 / 309).

  1. Ce qui relève de la souveraineté des États.

Les pays émergents

Déjà de haut niveau technologique, il faudrait, on l’a vu, qu’au lieu de fonder leur politique économique sur le mercantilisme par exportations massives, ils se recentrent sur leur marché intérieur ou régional (Chine, Inde, Mercosur, Asie-du sud-est) de façon à entrer alors dans leurs « Trente Glorieuses » dit P.N. Giraud, pour simplifier.

Il faudrait aussi que leurs firmes globales (dans un pays dirigiste comme la Chine, ces décisions relèveraient bien de l’État souverain !) investissent en Afrique et y installent des usines de « main-d’œuvre » justement au moment où leur main d’œuvre intérieure devient moins en moins compétitive à mesure qu’ils « ont émergé » !

Afrique

L’Afrique doit réussir à s’industrialiser et à maîtriser son développement urbain. Il y a des conditions bien connues puisque ce sont celles qui ont permis le démarrage de certains en Asie. En voici quelques-unes : routes ; irrigation ; formations des paysans ; système de crédits et d’assurances pour les paysans modestes ; protection du marché intérieur. Que la ville fonctionne pour tous et non pas pour les riches équipés d’automobiles et d’air conditionné. Drainage ; réseau de rues avec trottoirs ; toilettes améliorées pour éviter la pollution des eaux ; consolidations et améliorations des baraques des bidonvilles ; établissement d’un cadastre sûr.

Ce sont des défis considérables posés à des pays qui souvent demeurent pris « dans la malédiction des rentes minières et pétrolières, tandis que les guerres civiles se répandent et s’intensifient dans le Sahel et l’Afrique centrale ». (Page 312)

Henricles fait remarquer ici la responsabilité des grandes puissances et des firmes globales dans ces guerres. Celle qui sévit au Soudan depuis des années et des années, celles perpétrées par les armées des voisins du Congo qui ont déplacé, blessé, violé systématiquement, tué des millions de gens, femmes, enfants, hommes, sont des guerres liées au désir d’accaparer des richesses pétrolières et minières surabondantes. Ces guerres se déroulent dans l’indifférence quasi générale des opinions publiques et medias de ce qu’on ose appeler « la communauté internationale » !

A votre avis qui fournit les armes ?

A suivre …dans le prochain et dernier article…

Henricles 10 novembre 2015

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