France, Europe, Patrie

France, Europe et Patrie.

La France est, dit-on, de plus en plus contrainte par les traités et multiples décisions de l’Europe de Bruxelles. Elle perd son identité. Ses traditions et coutumes sont peu-à-peu laminées par les circulaires des centaines de fonctionnaires de Bruxelles. Pourtant notre vie de citoyens en France est telle que chacune et chacun d’entre nous, de Brest à Nice, de Bayonne à Strasbourg, éprouve fortement le sentiment national, l’émotion parfois, d’être Français. Mais cette France, notre France est menacée par ces « européistes » et « mondialistes » qui veulent dissoudre notre pays dans un ensemble européen ouvert à tous les vents d’une mondialisation sauvage.

Voilà les arguments  répétés sous une forme ou une autre par ceux qui veulent en finir avec cette construction européenne – le F.N. et ses alliés-  et également par tous ceux, qui veulent transformer les traités de façon que le gouvernement français décide seul. Ils s’opposent à plus d’intégration dans l’Union Européenne ! Ils sont nombreux à gauche comme à droite. Ils invoquent une souveraineté française à maintenir contre la domination allemande ou contre le capitalisme des multinationales auxquels « Bruxelles » serait soumise.

Que leur dire ?

Ils se trompent, nous trompent sur la souveraineté.

Ils se trompent, nous trompent sur la prétendue dissolution progressive de la patrie et du sentiment national qui nous rassemble.

Quelle est la souveraineté de la France au sujet du changement climatique, de l’épuisement des ressources de la planète, de la pollution massive des fonds marins par des montagnes de « plastiques », de la raréfaction des réserves de poissons ?

La nécessaire politique de préservation de l’environnement ne peut être qu’à l’échelle d’un continent ou mieux, mondiale : seule une Europe unie et puissante a le poids suffisant pour exercer des pressions fortes sur les autres géants de la planète (USA ; Chine ; Russie ; Inde ; Indonésie ; Nigeria ; Brésil ; Japon …) Une France seule peut être poliment écoutée mais c’est tout, elle ne peut rien changer. Tandis que l’Europe, la première zone commerciale, financière et économique du monde a de nombreux atouts pour exercer les pressions nécessaires et déjà prendre des décisions significatives !

Quelle est la souveraineté militaire de la France ? Elle n’est… qu’illusion. Pour les stocks de munitions les plus modernes, pour les réseaux de radars indispensables, pour les avions ravitailleurs, et pour bien d’autres choses, l’armée française n’a pas les moyens de se passer de ses alliés américains et dépend donc de leur bon vouloir. Augmenter le budget militaire est certes propre à améliorer le sort de nos armées mais, le retard et la modestie de nos moyens par rapport à ceux des Américains sont gigantesques. Sans leur accord, l’armée française n’a pas la possibilité d’opérations lointaines et durables. On l’a bien vu en Libye où après quelques jours d’intervention française, il a fallu « passer la main » à l’OTAN, sous la pression américaine. Le bombardement de la Libye n’avait été possible que grâce au « prêt » d’avions ravitailleurs par les Américains. On l’a bien vu aussi lorsque Hollande a voulu intervenir contre Bachar Al Assad : nos avions étaient prêts à décoller mais… au grand dam de Hollande, Obama s’y est opposé et les avions sont restés sur leur base !

Non, il n’y a pas de souveraineté militaire française, c’est tromper les citoyens que de le laisser croire quelles que soient demain les dotations budgétaires. Les politiciens qui disent le contraire nous mentent !

Quant à quitter l’alliance atlantique, il faut être aveugle sur les dangers du monde d’aujourd’hui, pour proposer une telle aventure !

A ceux qui jugent que les dépenses militaires sont inutiles, superflues et du gaspillage de ressources, on peut tout de même rappeler que la France, de fait, a des territoires sur tous les océans et presque tous les continents de la planète et qu’on n’a jamais entendu personne dire qu’il fallait s’en retirer ! Comment alors ne pas entretenir les forces aéronavales propres à en assurer la protection ?

La France ne peut espérer avoir ou retrouver une vraie souveraineté indépendante des Américains que dans une Europe unie c’est depuis longtemps une évidence malheureusement oubliée de la plupart.

L’Europe contre la Patrie française ?

Ils se trompent et nous trompent. Dans une Europe intégrée, avec un gouvernement européen, un budget, une défense, une politique internationale, une harmonisation fiscale, comme il y a déjà une monnaie, la France ne disparaîtrait pas !

Le sentiment national qui nous unit, la culture qui est la nôtre, le bonheur parfois d’être français, demeureraient ! C’est évident !

Dites-moi, vous les prétendus « patriotes » vous ne croyez donc pas à la force de notre culture nationale, de notre sentiment d’être Français ? Et à notre volonté farouche de vouloir le rester, même dans une Europe intégrée, c’est-à-dire dans une France plus forte, plus prospère grâce à cette Europe unie ?

Vous les soi-disant patriotes avez bien peu confiance dans les sentiments de notre peuple de France !

La Bretagne est intégrée à la France depuis 1532, cinq cents ans bientôt, la Provence depuis 1481, plus de cinq cents ans, l’Auvergne depuis le XIII° siècle ! En Bretagne, on est toujours breton, avec ses traditions, sa culture bretonne, son architecture, cet attachement à la Bretagne !  Il en est de même pour la Provence ou l’Auvergne ou toute autre région de France ! Et les Pyrénéens sont Pyrénéens : leur identité est à la fois de Pyrénéens et de Français ! Auvergnat, Bretons, Provençaux, ils le sont, le resteront, mais tous sont Français.

Alors voyez-vous, si des siècles et des siècles n’ont pas dissous les divers « patriotismes » provinciaux, l’Union européenne qui vient à peine de naître, n’est pas près de remplacer la nation française pas plus que la nation portugaise ou allemande !  

Utiliser un « patriotisme en péril» pour s’opposer à la nécessaire union des peuples d’Europe est une dangereuse tromperie.

Henricles le 3 mai 2017